dimanche 20 septembre 2009

Les deux solitudes

Avec son nouveau roman, L’œil de Marquise, publié chez Boréal, Monique LaRue propose une relecture de l’histoire du Québec, des années 50 à nos jours. L’œil de Marquise, c’est celui de la narratrice, dont les deux frères mettront toute une vie à dépasser leurs opinions politiques divergentes. Au lendemain du référendum de 1995, Louis apprend que le vote de son cadet Doris a annulé le sien. Après cela, les deux frères, fréquentant le même cercle d’amis, s’appliqueront à s’ignorer. La quête identitaire, omniprésente depuis l’enfance marquée par la discrimination dont a été victime le père, est devenue trop lourde. L’ombre du racisme n’est jamais loin, plane au-dessus de Louis à cause du casier judiciaire qui le suit depuis qu’il a été impliqué en 1966 dans un attentat à la bombe contre l’Impôt fédéral. Marquise, prise entre ses deux frères, prendra rarement position, comme si l’histoire qui se joue devant elle était trop grande pour son œil à elle. Toujours pertinente, Monique LaRue brosse un tableau qui s’étend jusqu’au 400e anniversaire de la ville de Québec et au projet avorté de reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham. En liant si intimement plusieurs évènements de l’histoire récente du Québec au sort d’une famille déchirée, elle nous montre les cicatrices mal guéries d’un peuple en quête d’identité. Avec son écriture vivante et ses références culturelles fouillées, Monique Larue témoigne avec pertinence d’un Québec familier, complexe, mais ô combien aimé.