samedi 12 novembre 2011

De la colle et des personnages


Les éditions Alto faisaient paraître, au printemps dernier, une troisième traduction de l’auteur britannique Marina Lewycka. Après avoir séduit le public et la critique avec Une brève histoire du tracteur en Ukraine et Deux caravanes, l’écrivaine d’origine ukrainienne allait-elle réussir un triplé? Tout en étant cousin des deux romans précédents, ce nouveau titre s’aventure dans des eaux différentes. Bien que l’Europe de l’Est flotte encore ça et là dans les 577 pages de ce volumineux ouvrage, Des adhésifs dans le monde moderne est résolument britannique.

Georgie Sinclair, pigiste pour une revue spécialisée sur les adhésifs, récemment séparée, a une fille absente, un fils fuyant obsédé par la fin du monde et un roman à l’eau de rose à réécrire. Elle semble avoir déjà son lot de problèmes, mais voilà que Madame Shapiro, une vieille voisine juive qu’elle n’a pourtant rencontré que deux fois, la désigne comme plus proche parente lors d’un séjour à l’hôpital. Une amitié naît rapidement entre les deux femmes et Georgie s’investit dans la vie de Madame Shapiro et de ses sept chats à l’hygiène douteuse, d’autant plus que se mettent à graviter autour de la maison de la dame des agents immobiliers aux méthodes douteuses, des ouvriers palestiniens peu compétents, en plus de vieilles histoires, de secrets et de photos envoyées d’Israël… 

C’est beaucoup? Oui. Des adhésifs dans le monde moderne est une œuvre touffue, mais Marina Lewcyka, fine auteure et habile colleuse, assemble les pièces de son roman à monter avec subtilité et assurance. Les personnages et les intrigues, le passé et le présent, les grands drames de l’histoire mondiale comme les petites histoires personnelles : tout s’entremêle dans ce roman intelligent et divertissant. Et oui, ça colle. À merveille.

Mentionnons également au passage que Marina Lewcyka est une des invités d’honneur du Salon du livre de Montréal 2011, qui a lieu du 16 au 21 novembre.

- Bryan St-Louis