Les éditions Alto faisaient paraître, au printemps dernier,
une troisième traduction de l’auteur britannique Marina Lewycka. Après avoir
séduit le public et la critique avec Une brève histoire du tracteur en
Ukraine et Deux caravanes, l’écrivaine d’origine ukrainienne
allait-elle réussir un triplé? Tout en étant cousin des deux romans précédents,
ce nouveau titre s’aventure dans des eaux différentes. Bien que l’Europe de
l’Est flotte encore ça et là dans les 577 pages de ce volumineux ouvrage, Des
adhésifs dans le monde moderne est résolument britannique.
Georgie
Sinclair, pigiste pour une revue spécialisée sur les adhésifs, récemment
séparée, a une fille absente, un fils fuyant obsédé par la fin du monde et
un roman à l’eau de rose à réécrire. Elle semble avoir déjà son lot de
problèmes, mais voilà que Madame Shapiro, une vieille voisine juive qu’elle n’a
pourtant rencontré que deux fois, la désigne comme plus proche parente lors
d’un séjour à l’hôpital. Une amitié naît rapidement entre les deux femmes et
Georgie s’investit dans la vie de Madame Shapiro et de ses sept chats à l’hygiène
douteuse, d’autant plus que se mettent à graviter autour de la maison de la
dame des agents immobiliers aux méthodes douteuses, des ouvriers palestiniens
peu compétents, en plus de vieilles histoires, de secrets et de photos envoyées
d’Israël…
C’est beaucoup? Oui. Des adhésifs dans le monde moderne est
une œuvre touffue, mais Marina Lewcyka, fine auteure et habile colleuse,
assemble les pièces de son roman à monter avec subtilité et assurance. Les
personnages et les intrigues, le passé et le présent, les grands drames de
l’histoire mondiale comme les petites histoires personnelles : tout
s’entremêle dans ce roman intelligent et divertissant. Et oui, ça colle. À
merveille.
Mentionnons également au passage que Marina Lewcyka est une
des invités d’honneur du Salon du livre de Montréal 2011, qui a lieu du 16 au
21 novembre.
- Bryan St-Louis