Larry Tremblay, surtout connu pour son travail comme
dramaturge, revient du côté du roman, chez Alto, pour Le Christ obèse. Ce court roman est une œuvre dense, complexe, mais
accessible. Psychanalytique et mythique. D’une couleur : noire.
Edgar s’est endormi sur la tombe de sa mère, au cimetière. À
son réveil, durant la nuit, il surprend quatre personnages, qu’il croit être
les chevaliers de l’Apocalypse, qui tabasse sauvagement une jeune fille. Sans
réfléchir, il rapportera la blessée chez lui. Au départ rebuté, Edgar se sent finalement
investi d’une mission envers celui – car voilà, il s’agit plutôt d’un jeune
homme – qu’il a sauvé au cimetière. Pourquoi a-t-on battu celui qu’il se met à
appeler Jean? Pourquoi Edgar, ce petit chien asocial et étrange, continue
d’espérer pouvoir, par lui seul, guérir Jean de ses blessures? Derrière les
portes closes de la maison d’Edgar se développe une relation d’amour inconditionnelle
et tragique entre le sauveur et cet étrange Jésus, dont on finit par apprendre
le passé trouble.
On l’a déjà dit : Le
Christ obèse est une œuvre complexe. Larry Tremblay fait appel à notre
inconscient collectif. Il utilise des symboles, introduit des éléments psychanalytiques.
Le lecteur suit un fil troublant, rudement travaillé par l’auteur, tendu entre illuminations,
catholicisme et complexe d’Œdipe. Les clés de compréhension et d’analyses sont
nombreuses. Quelques moments de la trame du roman, pourtant moins cruciaux,
peuvent sembler par contre un peu trop fardés, voire « pop », et
jurent un peu à côté du ton presque cérémonial du roman. Cette histoire noire
et tordue ne plaira sans doute pas aux lecteurs trop sensibles, mais Larry
Tremblay nous montre son talent de romancier avec ce roman intelligent, intemporel,
qui dérange.
- Bryan St-Louis
Le Christ obèse, de Larry Tremblay, chez Alto.