mercredi 22 février 2012

Puissante Mavrikakis


Alors que certains se questionnent sur la pertinence d’instaurer à nouveau la peine de mort au Canada, la toujours excellente Catherine Mavrikakis s’immisce sans l’avoir vraiment prévu dans le débat et offre matière à réflexion. Au final, qui gagne quoi au jeu de la peine de mort?

En 1989, Smokey Nelson a sauvagement assassiné une famille dans un motel de la banlieue d’Atlanta, dans une Amérique noire et dure qu’on oublie trop souvent. Une vingtaine d’année plus tard, on met un point final à cette saga : on exécute Smokey Nelson. Au fil de son roman, Catherine Mavrikakis laisse la parole à trois personnes ont vécu de trop près cette triste histoire. Tout d’abord, Sydney Blanchard, musicien noir qui avait été faussement accusé des meurtres à la place de Smokey Nelson, qui traverse les États-Unis en compagnie de sa chienne. Puis, Pearl Watanabe, qui travaillait au motel le soir des meurtres, témoin clé au procès, qui a discuté avec le meurtrier et l’a trouvé séduisant, juste avant de découvrir le carnage, qui revient sur le continent visiter sa fille. Et finalement Ray Ryan, le père de la victime, conservateur, américain sudiste et patriotique, qui s’en remet à Dieu pour lui assurer une vengeance. À quelques heures de l’exécution de Smokey Nelson, comment se sentent-ils? Quel impact aura eu cette histoire sur leur vie? Ce dénouement longtemps attendu les délivrera-t-il? Et Smokey Nelson, lui?

Catherine Mavrikakis possède une plume au pouvoir d’évocation exceptionnel. L’écrivaine laisse vivre ses personnages, laisse aller les émotions, laisse aller les événements avec naturel et assurance. Les derniers jours de Smokey Nelson, avec ses paragraphes très denses, impose son rythme. Catherine Mavrikakis livre une autre œuvre puissante et intelligente qu’on recommande chaudement.

Les derniers jours de Smokey Nelson, de Catherine Mavrikakis, chez Héliothrope.

- Bryan St-Louis

lundi 20 février 2012

Quand je me tourne vers mes souvenirs...


Maurice Henrie a publié au fil des ans plusieurs titres, dont plusieurs recueils de nouvelles et trois romans. C’est cette fois à ses souvenirs que l’auteur franco-ontarien s’attaque. Sans prétention, comme il nous l’annonce dans son avant-propos, il livre à ses lecteurs ses souvenirs d’enfance, rassemblés (quelle bonne idée!) selon les maisons où l’auteur a habité au fil des ans. Maurice Henrie livre ses souvenirs par bribes, par fragments, écrivant quelques pages sur un tel événement, quelques lignes sur cet autre. Ces histoires s’enchaînent, se placent comme une mosaïque : tranquillement, le récit d’une vie s’échafaude et la plume de Maurice Henrie séduit. Il y a dans le ton et dans la façon de raconter les choses un véritable plaisir à lire les petites histoires de l’enfance de l’auteur. Tout est surtout admirablement raconté, avec optimisme et amusement, mais surtout avec simplicité. L’enfanCement est un moment de partage qui fait du bien.

L'enfanCement, de Maurice Henrie, aux éditions Prise de parole.

- Bryan St-Louis