Alors que certains se questionnent sur la pertinence
d’instaurer à nouveau la peine de mort au Canada, la toujours excellente
Catherine Mavrikakis s’immisce sans l’avoir vraiment prévu dans le débat et offre
matière à réflexion. Au final, qui gagne quoi au jeu de la peine de mort?
En 1989, Smokey Nelson a sauvagement assassiné une famille
dans un motel de la banlieue d’Atlanta, dans une Amérique noire et dure qu’on
oublie trop souvent. Une vingtaine d’année plus tard, on met un point final à
cette saga : on exécute Smokey Nelson. Au fil de son roman, Catherine
Mavrikakis laisse la parole à trois personnes ont vécu de trop près cette
triste histoire. Tout d’abord, Sydney Blanchard, musicien noir qui avait été faussement
accusé des meurtres à la place de Smokey Nelson, qui traverse les États-Unis en
compagnie de sa chienne. Puis, Pearl Watanabe, qui travaillait au motel le soir
des meurtres, témoin clé au procès, qui a discuté avec le meurtrier et l’a
trouvé séduisant, juste avant de découvrir le carnage, qui revient sur le
continent visiter sa fille. Et finalement Ray Ryan, le père de la victime,
conservateur, américain sudiste et patriotique, qui s’en remet à Dieu pour lui
assurer une vengeance. À quelques heures de l’exécution de Smokey Nelson,
comment se sentent-ils? Quel impact aura eu cette histoire sur leur vie? Ce
dénouement longtemps attendu les délivrera-t-il? Et Smokey Nelson, lui?
Catherine Mavrikakis possède une plume au pouvoir d’évocation
exceptionnel. L’écrivaine laisse vivre ses personnages, laisse aller les
émotions, laisse aller les événements avec naturel et assurance. Les derniers jours de Smokey Nelson,
avec ses paragraphes très denses, impose son rythme. Catherine Mavrikakis livre
une autre œuvre puissante et intelligente qu’on recommande chaudement.
Les derniers jours de Smokey Nelson, de Catherine Mavrikakis, chez Héliothrope.
- Bryan St-Louis