lundi 27 février 2012

Aux portes de l'enfer


Sierra Leone, Guinée : loin des caméras de l’Occident, de petits pays d’Afrique ont lontemps été livrés à des guerres civiles sanglantes, inhumaines, dont les horreurs dépassent l’imagination. Onika a été une des victimes de ces guerres : un jour, au détour d’une route, elle a été battue, violée. Sa jeune fille a été assassinée sous ses yeux et son fils Ntangu a été enlevé. Elle savait qu’il deviendrait un de ces enfants-soldats, nourri à la coke et à la violence, qui pillerait des villages, violerait et tuerait. Cependant, Onika n’oubliera jamais son fils. Miraculeusement sauvée, recueillie dans des camps de réfugiés, puis exilée à Ottawa, elle n’aura quand même qu’un seul objectif : retrouver ce fils qu’on lui a enlevé.

Aurélie Resch n’a pas peur des mots : les réalités dépeintes dans Pars, Ntangu! sont directes, froides, cliniques. Elles témoignent néanmoins de l’horreur vécue par les populations de plusieurs pays africains, de saccages inhumains, d’amputations et de viols commis pour des raisons économiques qui crèvent le cœur. La violence est ici essentielle, mais livrée avec parcimonie. Au-delà de ces images marquantes, c’est l’incompréhension, le dégoût et la souffrance humaine qui restent imprégnés chez le lecteur. Aurélie Resch boucle peut-être un peu trop rapidement son histoire en fin de récit, mais le roman mérite lecture ne serait-ce que parce qu’il aborde avec humanité ces guerres oubliées et les drames qu’ils engendrent.

Pars, Ntangu!, d'Aurélie Resch, aux éditions David.

- Bryan St-Louis