mercredi 11 janvier 2012

L'homme de l'année

L’homme blanc a tout d’abord fait parler de lui en remportant le Combat des livres de Radio-Canada. Quelques mois plus tard, il allait remporter, contre des concurrents de taille (Jocelyne Saucier et Mélanie Vincelette, entre autres), le Prix du Gouverneur général. 2011 aura donc été une année faste pour Perrine Leblanc, qui signait ici son premier roman.

L’homme blanc, c’est Kolia. Né dans un goulag, orphelin, le jeune Russe aura la chance de trouver sur son chemin Iossif, un mystérieux prisonnier d’Europe de l’Ouest qui le prendra en charge pendant quelques années, avant de disparaître. Après la mort de Staline, Kolia est relâché et sa nouvelle vie l’amène à Moscou, où il deviendra clown. À travers Kolia, on découvre l’histoire de l’URSS : les années 50, les années dures comme celles de dégel, puis la chute de l’empire. Cependant, au-delà des apparences, l’Union soviétique sert surtout de toile de fond et on ne présente pas ici en profondeur les détails de la vie moscovite sous le communisme : ce sont des motivations plus primaires, psychanalytiques, qui motivent Kolia et articulent le récit. Qu’est-il arrivé à ce père d’adoption, Iossif, dont Kolia a perdu la trace ?

On retient de L’homme blanc sa trame si singulière pour la jeune littérature québécoise. Vivement intéressée par la Russie depuis plusieurs années, Perrine Leblanc a conjugué ses intérêts à son récit, lui donnant un angle particulier qui titille la curiosité. On remarque aussi la plume de Perrine Leblanc, par sa façon de tracer à grands traits la trame de son histoire et même de construire ses phrases. Les Français découvriront bientôt le roman en librairie : de notre côté, on attend déjà le prochain.

L'homme blanc, de Perrine Leblanc, aux Éditions Le Quartanier.

- Bryan St-Louis

lundi 9 janvier 2012

Douce forêt

Il faut s’ajouter au concert d’éloges pour Il pleuvait des oiseaux, de Jocelyne Saucier, indéniablement un des romans de l’année 2011. Pour son quatrième roman, l’auteure s’est à nouveau trouvée nommée pour les Prix du Gouverneur général, mais elle est surtout devenue la première Québécoise à obtenir le Prix des cinq continents de la Francophonie, remis par l’Organisation internationale de la Francophonie.

Tout distingue Il pleuvait des oiseaux. Ses protagonistes, d’abord : des personnes âgées rustres vivant reculés dans le fond des bois qui ont signé un pacte avec la mort, la douce et évanescente Marie-Desneige, délivrée de sa maison de fous, des petits bandits de village et une photographe sans nom, partie à la recherche d’un mythe enfumé du passé. L’intrigue, également, qui voyage entre un présent utopique, à l’abri de la forêt, et l’enfer du passé, alors qu’on redécouvre dans un réalise horrifiant l’histoire des Grands Feux qui ont dévasté le nord de l’Ontario au début du siècle dernier. Jocelyne Saucier tisse une courtepointe délicate avec ces matériaux, sans véritable début ni fin : on en sait juste assez sur ces mystérieux personnages pour les effleurer, les imaginer et les sentir. Du roman, on retient le désir de vivre, la magie, la simplicité du bonheur et une odeur de fumée. Voilà qui fait du bien.

Il pleuvait des oiseaux, de Jocelyne Saucier, chez XYZ.


- Bryan St-Louis