vendredi 14 décembre 2007

Cette semaine à Épilogue [16 décembre]




• L'émission Épilogue fera relâche les dimanches 22 et 29 décembre!
Pour cette dernière de la saison, tous les collaborateurs s'unissent derrière le micro pour partager leurs coups de coeur littéraires de l'année qui s'achève.
Romans québécois et étrangers, BD, essais, poésie, biographies, littérature jeunesse : une heure de discussions sur le meilleur de 2007 qui pourront en prime fournir quelques belles idées de cadeaux!


Épilogue, dimanche 11h
rediffusion lundi 10h
sur les ondes de CKIA 88,3-FM à Québec
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dimanche 9 décembre 2007

Cette semaine à Épilogue [9 décembre]


• Valérie Gaudreau rencontre Lise Tremblay pour son roman «La soeur de Judith» qui nous plonge à l'été 68 à Chicoutimi-Nord!
• Valérie a aussi rencontré le caricaturiste du journal Le Soleil, André-Philippe Côté, pour son recueil «De tous les...Côté 2007».
• Bryan Saint-Louis nous parle du roman «Hitler à Chicago» de David Albahari 

Épilogue, dimanche 11h
rediffusion lundi 10h
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samedi 8 décembre 2007

Docteur ès imagination

Il n’y a pas d’histoire, dans Docteur Nullité. Seulement un prétexte : un vieux riche, un peu sénile, est parachuté dans un village peuplé d’enfants orphelins, et donne en parallèle à cette trame des conférences ludiques, truffées d’incohérence et d’anachronismes, on ne sait trop où, sur l’histoire du monde et la vision très particulière qu’il en a. Un prétexte, on le répète : prétexte à jouer avec les mots, à s’amuser de l’histoire, à faire rire. On rit et on sourit, en effet, de cette douce folie, même si, bon, un peu plus d’histoire n’aurait aussi pas pu nuire. L’humour absurde ne plaira évident pas à tous, même si certains passages de cette petite fable sont vraiment savoureux. Enfin, un texte de prose humoristique : il y en a si peu dans notre littérature québécoise.

Docteur Nullité, de Simon Paquet, chez Leméac, 131 pages.

Le crime du Latino-Express

Le prix Robert-Cliche est chaque année synonyme d’appréhension, mais au cours des dernières années, il fut aussi signe de déception. Sans déprécier le travail des derniers lauréats, il manquait souvent une petite étincelle qui aurait rendu ces romans plus inoubliables. Stéphane Achille est une surprise rafraîchissante. Un musicien sans succès se fait aspirer par une spirale de coïncidences et se retrouve en Amérique du Sud, en train, à converser avec un dictateur en fin de carrière… Si son Balade en train assis sur les genoux du dictateur n’est pas parfait, il y a quand même dans son idée de départ, sa construction et sa vision globale une énergie particulière qui fait passer un bon moment de lecture. Peut-être le tout n’a-t-il pas l’approfondissement qui en aurait fait une œuvre de réflexion plus intense, et les passages sur la carrière de musicien sont teintés d’un peu de redondance… Mais le petit éclat dans l’écriture de Stéphane Achille nous dit que le meilleur est encore à venir.

Balade en train assis sur les genoux du dictateur, de Stéphane Achille, chez vlb éditeur, 190 pages.

Lecture fluo

Couleur vive (surtout jaune fluo), lettrage stylisé, titre humoristique. On connait la collection «Girls in the city» (en anglais, s’il vous plait). Ça y est, tout est dit. On imagine déjà Sarah Jessica Parker et Kim Cattrall s’échanger le roman d’Ellen Willer en cadeau de Noël. On pourra toujours critiquer les ficelles trop évidentes de ces romans de filles un peu trop prévisibles, sa surabondance de clichés et leur manque de qualité littéraire (ici et là, quelques coquilles et fautes de français, mentionnons-le). Mais puisqu’il faut un plaisir coupable, pourquoi pas celui de la lecture… Si Ellen Willer n’a pas le charme de Helen Fielding ou l’humour facile de Sophie Kinsella, elle s’en tire plutôt bien avec cette petite histoire qui mélange romance et téléréalité. Engagée à la dernière minute pour produire une émission qui rappelle vaguement le Bachelor, Emmanuelle joue sa carrière et ne peut s’empêcher de craquer pour Frantz, le beau prince que se dispute les candidates de l’émission. Allez, faites un effort, vous savez déjà comment ça va se terminer!


Le prince charmant met de l'autobronzant, de Ellen Willer, Marabout Éditeur, 377 pages.

Dans un grand nord loin de chez vous

Le cinquième ouvrage de la collection Coup de tête n’est toujours pas le roman de gare, le roman d’aventure ou le roman populaire prenant qu’on continue un peu d’attendre dans cette collection… On aimerait que les auteurs de cette série de courts romans s’amusent plus, fassent l’exercice de style, jouent, fasse de leur roman un plaisir coupable. Avec Les Territoires du Nord-Ouest, Laurent Chabin livre un histoire qui respecte son style d’écriture, sa logique de pensée, sa personnalité. Ce court roman en est un sérieux. Bien sûr, il n’y a rien de mal à tout cela : l’écriture du prolifique et talentué Chabin est particulière et elle pousse encore une fois à la réflexion. On a l’impression de lire le cousin thrash du roman Le vide, de Patrick Sénécal. Les descriptions sont prenantes, l’idée est dérangeante. Mais le ton est lourd, la pause s’impose. Un roman pesant, pour ses 81 pages, qui ne laisse pas sans questionnement. Peut-être un peu trop élitiste pour un roman de gare, voilà tout.

Les Territoires du Nord Ouest, de Laurent Chabin, aux éditions Coup de tête, 82 pages.

L'ailleurs de Gilles Jobidon

Après avoir publié quelques romans, des livres d’art et un recueil de récits poétiques, Morphoses, Gilles Jobidon nous revient cette année avec un premier recueil de nouvelles, D’ailleurs, une petite plaquette de 78 pages.

Les sept nouvelles qui composent ce recueil montrent que Gilles Jobidon sait créer des personnages habités et forts. Les histoires sont souvent axées sur un seul personnage et leur habile construction nous laissera un impact plus marquant. La seule exception à cette règle est « Ly Sanh », donc l’action est supposée se dérouler au Vietnam, tout de suite après la fin de la guerre. Malheureusement, la voix narrative du personnage ne colle pas au propos, ni pour l’époque, ni pour le lieu. Il s’agira d’un petit accroc : les autres histoires s’avèreront intéressantes à leur façon. Les plus réussies sont les premières, qui mettent en scène des personnages qui cherchent leur bonheur ailleurs, et finissent pas perdre celui qu’ils avaient déjà. On a presque cru que ce serait le thème général du recueil, mais on s’était trompé… Si on avait une autre critique à faire, ce serait peut-être qu’il manquait à ce recueil de fil conducteur.

D'ailleurs, de Gilles Jobidon, chez vlb éditeur, 78 pages.

vendredi 16 novembre 2007

Cette semaine à Épilogue [18 novembre]



• Valérie Gaudreau rencontre Simon Girard pour son percutant roman «Dawson Kid».
• Bryan nous parle du prix Robert-Cliche 2007, «Balade en train assis sur les genoux du dictateur» de Stéphane Achille.
• Épilogue revient d'une petite virée au Salon du livre de Montréal. Compte-rendu et observations.

Épilogue, dimanche 11h
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mercredi 14 novembre 2007

Grand-maman apparait!



Le petit Spirou tome #13 Fais de beaux rêves! par Tome et Janry, Éditions Dupuis

On connaissait déjà grand-papa : voilà que grand-maman «Spirou», elle aussi vêtue d’un costume de groom, fait son entrée dans le monde de son petit-fils, et ce de manière fort remarquée. Un gros bouleversement dans la vie du petit, mais la même façon de présenter la bande dessinée : encore une fois, on a droit a de petites histoires à la page, agrémentées par les personnages loufoques du prêtre, du professeur d’éducation physique et des amis du petit Spirou. Les histoires les plus amusantes restent encore les plus coquines, soit celles où on s'attarde sur les intérêts du petit personnage pour le sexe opposé. Mais qu'a-t-il pu se produire lors de son adolescence pour que tout ce côté de sa personnalité disparaisse à l'âge adulte! S’il devient un héro à la Indiana Jones, mais sans sex appeal, cela semble bien embêter le plus jeune!

En somme, un treizième album réussi, sans problème d’inspiration, qui laisse loin derrière les malédictions du chiffre 13! La qualité de dessin se poursuit, et des couleurs encore plus vives laissent croire que Dupuis aurait changé ses presses...

dimanche 4 novembre 2007

Danse la poutine...


Si le livre de Charles-Alexandre Théorêt, Maudite poutine ! : l'histoire approximative d'un plat populaire publié chez Héliotrope fait jaser, c'est avec raison. Des origines controversées de la fameuse poutine (non, malheureusement, l'énigme n'est pas résolue définitivement) à son destin hors-québec en passant par tous les dérivés de la recette originale, on apprend que la poutine est un plat qui en dit long sur le Québec et ses habitants. Beaucoup de contenu, un contenant visuellement très intéressant, on ne peut s'empêcher de penser au magazine montréalais Urbania, en feuilletant Maudite poutine !

De statistiques en anecdotes de toutes sortes, Théorêt, dont on sent la véritable passion pour le plat dont certains (à ce qu'on dit !) sont honteux, nous montre les multiples visages de cet étrange mélange que l'on retrouve maintenant jusqu'au Vietnam ou au Burkina Faso. Sur un ton personnel, sans prétention, avec un humour de second degré, il nous offre même, en collaboration avec Alain Lafrance, sommelier et Mario D'Eer, biérologue, les meilleurs accords mets-vin et mets-bière pour accompagner notre poutine favorite.

On court à la librairie et sur le site internet du livre : www.mauditepoutine.com

samedi 27 octobre 2007

Cette semaine à Épilogue [28 octobre]



Valérie Gaudreau a rencontré Mario Dufour et Suzel Brunel, respectivement président et vice-présidente de la Commission des biens culturels du Québec pour la parution du livre Empreintes & mémoire portant sur l'arrondissement historique du Vieux-Québec à l'occasion du 400e anniversaire de Québec.

Bryan Saint-Louis et Danielle Bourgeois nous parlent de deux parutions aux Éditions Coup de tête.

Marc Allard a lu Les éteignoirs, essai sur le «nonisme» et l'anticapitalisme au Québec de Marc Simard.

Bryan Saint-Louis critique le recueil de nouvelles D'Ailleurs de Gilles Jobidon.

Épilogue, dimanche 11h
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dimanche 21 octobre 2007

La nuit, la vie

Stanley Péan n’avait pas publié d’ouvrage de fiction depuis quelques années. Il nous revient enfin avec un recueil de nouvelles, Autochtones de la nuit, publié aux éditions La Courte Échelle. «Le fil conducteur du recueil, c’est la noirceur», annonce l’écrivain. Le ton est donné.

Si on pouvait avoir l’impression que Stanley Péan était moins présent en librairie depuis quelques années, l’auteur n’a pas chômé entre temps pour autant. Au fil des ans, celui qui célèbre cette année ses vingt ans de métier comme écrivain s’est illustré tantôt comme président de l’Union des écrivains québécois, tantôt comme membre du Mouvement pour les arts et les lettres, ou encore comme rédacteur pour le journal littéraire Le libraire. Il a aussi tablé sur l’écriture de scénarios pour des projets de film ou de série télé, sur celle de deux livres thématiques, Jazzman et Taximan, et sur plus d’une cinquantaine de chansons. L’auteur a toutefois continué de publier des textes dans différents ouvrages collectifs, notamment dans la revue Alibis.

Le recueil qu’il présente aujourd’hui rassemble d’ailleurs sous une même couverture différentes nouvelles publiées depuis 2002. Des nouvelles noires, avertit l’auteur. Les thèmes abordés par les textes d’Autochtones la nuit sont en effet plutôt sombres. On y découvre la violence sous plusieurs formes. Vengeances exagérées, violence sexuelle, violence conjugale, violence gratuite : Péan s’offre un tour d’horizon du côté noir de la personnalité humaine. Par contre, les textes offrent souvent au lecteur l’envers de la médaille : un autre personnage éprouve souvent de la honte et des remords par rapport à la violence auquel il est confronté. À titre d’exemple, citons «Le samedi soir, quand la tendresse», dans laquelle un homme regrette de ne pas avoir dénoncé l’ami qui battait sa femme. Les tableaux sont généralement réussis. On est vite saisi par ces petites histoires, bien décrites, qui forment un tout cohérent et uni. On regrette qu’il manque parfois un côté un peu plus trash qui aurait encore mieux rendu la violence des personnages. Au sommaire, seule «Mal à l’âme», trop prévisible malgré la dureté de son propos (sur la pédophilie), déçoit. Aussi, le lectorat de Québec sera surpris de l’erreur commise dans «Aïcha», où la 8 devient l’autobus à prendre pour se rendre dans le Vieux-Québec.

La musique occupe aussi une place importante dans le recueil, notamment avec les nombreuses citations. En plus de Gainsbourg, qui donne le titre du roman, on retrouve des allusions à des artistes aussi variés que Diane Dufresne, Eminem ou Pagliaro. Stanley Péan ayant toujours donné une place importante à la musique, on est peu surpris d’apprendre qu’on a également produit une soirée de lecture-performance autour de Autochtones de la nuit, où l’auteur a lu des extraits de son recueil avec l’accompagnement musical et visuel des productions Rizhome.

Autochtones de la nuit, de Stanley Péan, chez La courte échelle, 228 pages.

samedi 20 octobre 2007

Froid dans le dos

Ce que le vent apporte par Jaime Martin - Collection Aire libre de Dupuis

Au nord de l'Oural, en 1916 : alors que la guerre sévit en Europe, un jeune chirurgien de Moscou est envoyé dans une région coupée du monde en tant que remplacement du docteur Ivanov, étrangement assassiné. Alors que le jeune médecin s'aperçoit que les villageois croient plus en la sorcellerie qu'à la médecine moderne, il réalise aussi que le village où il est posté s'avère être hanté par une bête étrange, qui n'est pas sans rappeler l'histoire de la bête du Gévaudan.

La forme sert beaucoup la forme dans cette bande dessinée : les dessins sont plutôt griffonnés, et les couleurs sont toujours sombres, sans éclat. On pousse ici l'exercice jusqu'à utiliser dans une case toujours la même couleur, mais dans des teintes différentes. Ce que le vent apporte est à l'image de toute la collection Aire libre, avec son côté artistique léché, et ne manquera pas d'en intéresser plusieurs.

Un seul trèfle à quatre feuilles à la fois!

Mamette - Tome #2 L'âge d'or par Nob - Glénat

Mamette, petite dame dans la soixantaine, se voit confier la garde d'un jeune garçon pour la période des vacances scolaires, alors que la mère de ce dernier part à l'extérieur de la ville. Aidée de ses ami(e)s, dont une vieille fille inflexible et une seconde, dépendante des prescriptions médicales, Mamette reprend donc un rôle de mère... Même si elle ne veut que le bien de l'enfant, celui-ci a pourtant tendance à la voir comme une plaie.

Si l'histoire coule sans grands bouleversements, elle ne manque pas de savoureux clins d'œil à plusieurs distractions de retraités. On rira entre autres de la dépendance de Mamette et de ses amies pour les billets de loterie instantanée... Les images, quant à elles, sont simples, sans trop de détails. Les arrières-plan sont en aquarelle et donnent un petit côté vieillot sympathique. Voilà une bande dessinée qui pourrait très bien plaire à un jeune lectorat féminin!

Toi, mon amour, mon ami


Dans C'est quand le bonheur, Martine Delvaux nous permet d'entrer au coeur d'une amitié privilégiée entre un homme et une femme. Ils se connaissent depuis une vingtaine d'années, ont traversé le temps, les épreuves, ont formé un couple il y a longtemps, ont tout partagé et se sont créé des souvenirs communs d'une enfance où ils ne se connaissaient même pas. C'est une série de tableaux, d'anecdotes, une sorte d'inventaire des moments où, bien ensemble, ils le trouvent, leur bonheur. Le lecteur qui se voit plongé dans cette complicité immense peut être déstabilisé par tant de proximité car il est rare d'être témoin d'une chose aussi privée et jalousement gardée que la relation entre femme et son meilleur ami mais le plaisir de découvrir cet espace clos dans lequel se cache la félicité fait vite oublier le malaise. Ce qui aurait pu ne rester qu'un simple exercice d'énumération nous apparaît finalement comme étant une oeuvre sensible et touchante dans laquelle plusieurs femmes reconnaîtront sans doute une relation qu'elles entretiennent ou souhaiteraient entretenir avec un homme, l'homme de leur vie.

dimanche 14 octobre 2007

Cette semaine à Épilogue [14 octobre]


• Valérie Gaudreau revient sur les 50 ans de la parution de On the road de Jack Kerouac
• Bryan Saint-Louis critique Autochtones de la nuit de Stanley Péan
• Marc Allard nous parle de l'essai Stumbling on Happiness du psychologue américain Daniel Gilbert
• Marco April cause BD!


Épilogue, dimanche 11h
rediffusion lundi 10h
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jeudi 11 octobre 2007

Le gris et le noir

Viktor Hernyo avait soif de pouvoir : petit à petit, en utilisant parfois des méthodes de persuasion un peu trop fermes, il a acheté des immeubles, des rues, puis des quartiers entiers d’une ville qu’il rêve de posséder entièrement un jour. De la grande pyramide qui lui sert de quartier général, il observe la ville où fourmille son armée et se demande comment il pourra parvenir à étendre sa domination sur le dernier quartier de la ville qui lui échappe toujours, un quartier central mais usé, où habite une population underground qui vit en marge du reste de la société.

C’est dans ce quartier qu’habite Otto Prime, le jeune héros de cette histoire, qu’on rencontre au moment où il tombe sous le charme d’une femme mystérieuse, fort jolie et pleine de caractère : c’est Tita, qui s’avère être aussi la fille de Viktor Hernyo.

Résumer Ville de chien, le quatrième livre de l’auteur Joseph Bunkoczy, c’est en révéler la plus grande faiblesse. La structure du roman est cartésienne, logique… et prévisible. Aussitôt que Tita tombe pour le jeune rebelle Otto, et aussitôt qu’Heryno confirme que sa fille est la seule pour qui il a des sentiments, qu’elle constitue sa seule faiblesse, et que débute la lutte entre le bien et le mal pour le contrôle de la ville, on devine comment toute cette aventure se terminera. Et au moment de tourner les dernières pages, on réalise qu’on avait raison.

La surprise n’est donc pas au rendez-vous. Mais Ville de chien vaudra quand même le détour : avec son écriture, Bunkoczy crée une atmosphère cohérente et prenante en nous emmenant dans cette ville grise et noire où le pouvoir parallèle a pris toute la place. La tension rappelle un peu 1984, de George Orwell, et les scènes de combat, avec ses gangs de rue cachées dans de vieux édifices, évoquent presque La Matrice. Bref, un thriller immobilier qu’on appréciera pour ses atmosphères.


Ville de chien, de Joseph Bunkoczy, chez Tryptique, 199 pages.

mercredi 10 octobre 2007

L'amour peut rendre fou! Constatez-le en 7 tomes...

Spoon & White par Léturgie, Isard, Yann et Léturgie - Éditions Vents d'Ouest

Spoon et White, les deux héros de cette série, le prouvent à merveille. Les deux acolytes, qui comptent parmi les plus déséquilibrés que la ville de New York peut compter, sont aussi... policiers. Et tous les deux sont tombés sous le charme de Courtney Balconi, une célèbre repoter, qui ne leur accorde pourtant aucune attention. Les problèmes surviennent alors que nos deux héros délaissent leur travail, pour plutôt profiter de chaque occasion pour croiser Courtenay, qui mène ses propres enquêtes journalistiques, et tenter de se faire valoir individuellement aux yeux de la belle.

L'exagération est omniprésente dans cette bande dessinée. Spoon et White se retrouvent coincés dans des aventures farfelues : une prise d'otage de suicidaires, un complot interne chez les mafieux chinois et des agents double zéro fluorescents... Les personnages, très vivants, ont hérité du même côté excentrique, qui rend la lecture d'autant plus intéressante.

Désir = danger

Élisabeth a perdu sa virginité à quatre ans avec un bâton de Popsicle. « J’ai poussé le bâtonnet trop fort dans ma petite fente ». On sent tout de suite que la jeune fille aura par la suite des rapports complexes avec le sexe, les hommes et l’amour. Et avec Gabriel : celui qu’elle n’aura fréquenté que quelques jours, à douze ans, mais qui restera toujours auréolé de fantasme, et ce pour seize longues années.

Dans Hystéro, Hélène Bard s’interroge sur la séduction, sur l’attirance et sur le désir. Élisabeth pourrait avoir tous les hommes qu’elle veut, mais n’arrive pas à séduire celui qu’elle voudrait avoir. Pourquoi le désire-t-elle tellement, au fond? Est-ce parce qu’il est le seul qui lui résiste? Et surtout, en vaut-il vraiment la peine? Reste-t-il l’homme idéal parce qu’il n’a pas eu le temps de la décevoir et de lui montrer qu’il était pareil aux autres?

Si la thématique de départ est intéressante et bien exploitée par l’auteur, la forme du roman pourrait cependant déplaire à certains. Élisabeth pousse très loin son désir de Gabriel et la forme du roman s’en ressent. Avec un ton suppliant, elle s’adresse à son amoureux en utilisant le « tu » en racontant les quelques événements qui ont marqué leur relation. Les phrases sont courtes, le rythme est découpé. Mais ce sont surtout certains passages plus crus qui pourraient agacer, tant Élisabeth désire et s’offre avec une démesure incontrôlable.


Hélène Bard a été reçue pour une entrevue à Épilogue lors de l'émission du 8 octobre.

Hystéro, de Hélène Bard, chez le Marchand de feuilles, 176 pages.

jeudi 4 octobre 2007

Cette semaine à Épilogue [7 octobre]


• Bryan St-Louis s'entretient avec l'écrivaine Hélène Bard pour son roman Hystéro, paru aux éditions du Marchand de feuilles.
• Claudine Dufour nous parle du dernier roman du prolifique auteur François Gravel, Vous êtes ici, paru chez Québec / Amérique.
• Danielle Bourgeois nous parle de poésie
• Et Bryan St-Louis fait un retour sur le thriller urbain Ville de chien, de Joseph Bunkoczy, paru aux éditions Tryptique.

Épilogue, dimanche 11h, rediffusion lundi 10h,
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mercredi 3 octobre 2007

Le choc culturel apprivoisé


Si Boucar Diouf est devenu océanographe pour éviter d’avoir à « travailler pour des peanuts » (comprendre : de devoir cultiver des arachides, comme son père), il est devenu humoriste par plaisir et par vocation, sur les traces de son grand-père griot. Dans Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait, publié aux éditions Les intouchables, il partage avec nous un pan de la sagesse populaire de ses ancêtres. De son propre aveu, son but premier n’est toutefois pas de nous offrir un dictionnaire de proverbes africains, mais plutôt de nous faire sourire, ce qui fonctionne plutôt bien, une fois le choc culturel apprivoisé.

Soyons honnêtes, le québécois pure laine moyen pourra de prime abord se sentir déstabilisé par les références culturelles. Toutefois, pour peu qu’il accepte de perdre ses repères, il se laissera glisser assez rapidement dans cet univers de lions et de hyènes. Et si malgré tous ses efforts il ne se sent pas interpellé par les contes qui ont pour décor l’Afrique, il ne pourra échapper au miroir que lui tendra Diouf dans la dernière partie du livre. Ponctuant son récit d’anecdotes vécues ou empruntées à d’autres immigrants, le conteur relate alors son acclimatation au Québec, tout en prenant un malin plaisir à nous mettre sous le nez des habitudes qu’on ne questionne plus. En illustrant par exemple notre rapport au temps qui passe ou à l’hiver trop long, il bouscule nos certitudes.

Les thèmes ne sont pas nouveaux (la série Pure Laine, diffusée à Télé-Québec, tient un discours semblable), mais ils prennent une saveur nouvelle sous la plume de Diouf. Si le rythme des Galas Juste pour rire ne donne pas toujours le temps au propos du Sénégalais de s’installer en nous, ce livre ludique nous offre l’occasion de nous y attarder. À mettre en toutes sur les mains, en cette période de débats sur les accommodements raisonnables.

Dans la forêt des mal-élevés

Stéphane Dompierre a eu la plume heureuse lors de la parution de son premier roman, Un petit pas pour l’homme, qui a vendu plus de 36 000 exemplaires, surfant sur une vague de popularité relancée tant par le Grand prix de la relève Archambault que par sa présence au Combat des livres de Marie-France Bazzo. Il est donc normal que tous attendaient avec impatience un deuxième roman, qui vient tout juste d’arriver en librairie : Mal élevé.

Si le premier roman de Dompierre a fait rire, celui-ci fera plutôt sourire. Cette fois, l’auteur a voulu être un cran plus sérieux. Néanmoins, si la promotion entourant Mal élevé laissait présager une importante réflexion sur la trentaine et les relations hommes-femmes, on découvre plutôt un roman léger, sympathique et vivant, mais qui manquera d’originalité pour vraiment laisser sa marque.

On y suit les tribulations du personnage d’Alex, musicien trentenaire à la croisée des chemins dans sa vie amoureuse avec Sandrine, mais aussi dans sa vie professionnelle, où le choix d’une voie musicale s’impose afin assurer son gagne-pain. Malheureusement, ces deux thématiques ne manqueront pas d’utiliser beaucoup de clichés. Les réflexions sur la monde de la musique, où recherche artistique et popularité ne vont pas toujours de pair, sont plutôt convenues. Égratigner Wilfred au passage semble même un peu facile. Celles sur la vie amoureuse laisse aussi souvent une impression de déjà vu, qu’on parle de belle-famille, de redécoration ou de bandes à épiler. Il manque souvent de senti, comme on a pourtant la chance de le voir dans les relations d’Alex avec sa propre famille.

Malgré tout, Dompierre réussit très bien à mettre en scène des personnages vivants auxquels on ne manque pas de s’attacher. On parie déjà que leur passage à l’écran sera très intéressant – l’adaptation cinématographique est déjà annoncée pour 2009.

Mal élevé, par Stéphane Dompierre, chez Québec/Amérique, 197 pages.

dimanche 30 septembre 2007

Victor-Lévy au pays des merveilles

VLB désirait écrire un conte inspiré de Blanche-Neige et les Sept Nains, s'approprier cette histoire connue de tous et l'apprêter à la sauce québécoise... c'est donc dans les environs de Squatec que Blanche-Neige prend les traits d'une jeune fille, Neigenoire, qui habite avec son père et que les sept nains deviennent les sept chiens, inspirés par ceux de monsieur Beaulieu. À cela s'ajoute une vieille tante aigrie, qui n'aime pas les chiens, jalouse sa nièce et, surprise, possède un miroir qui lui permet de voler l'identité des gens. Si les similitudes avec Blanche-Neige et les Sept Nains sont évidentes, le lecteur peut aussi en trouver quelques unes avec Alice au Pays des Merveilles et L'autre coté du miroir, de Lewis Carroll, ce qui n'est pas sans intérêt.

Merveilleusement bien illustré par l'artiste Mylène Henry (dont on peut voir les oeuvres sur son site internet), le livre vaut assurément le coup d'oeil. La lecture même, au-delà de l'histoire, est une expérience ludique qui plaira autant aux enfants qu'aux plus grands. Voilà une bien belle manière de découvrir Victor-Lévy Beaulieu...

samedi 29 septembre 2007

Cette semaine à Épilogue [30 septembre]


• Valérie Gaudreau discute avec l'écrivaine Christine Eddie de son roman Les Carnets de Douglas
• Bryan Saint Louis critique Mal élevé, le nouveau roman de Stéphane Dompierre
• Marc Allard nous parle de l'essai dérangeant Gang bang, pornographie de la démolition du philosophe et journaliste français Frédéric Joignot
• Et Danielle Bourgeois nous fait découvrir le conte Neigenoire et les sept chiens de Victor-Lévy Beaulieu

Épilogue, dimanche 11h
rediffusion lundi 10h
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vendredi 28 septembre 2007

L'autre côté de l'aventure tokyoïte

Le nouveau roman d’Amélie Nothomb, Ni d’Ève, ni d’Adam, est un complément à une autre oeuvre de la singulière auteur belge, Stupeur et tremblements. En effet, au moment où elle déboulait l’échelle sociale dans la société qui l’avait engagée à son retour au Japon, Nothomb vivait aussi une histoire d’amour avec un Japonais qu’elle avait rencontré en devenant professeur de français. Ni d’Ève, ni d’Adam est donc l’autre fragment de ce périple japonais, dont elle avait quelques fois parlé en entrevue. Le lecteur fidèle saura donc y trouver de l’intérêt, même si, malheureusement, il ne s’agit pas là du meilleur roman de Nothomb.

Rinri, l’amoureux japonais, est celui qui donne la réplique à Amélie au cours de ce roman. Pour une rare fois, l’auteur change les rôles, devenant cette fois la bourreau plutôt que l’amoureuse suppliante. Or, on pourrait être tenté de croire que cette position lui sied un peu moins bien – littérairement parlant, du moins. Le roman ne manque pas de scènes cocasses, certaines luttes de caractère entre les personnages, ou de grands moments, comme l’ascension du mont Fuji. Cependant, il manque un petit côté mordant qui caractérise pourtant tout le reste de l’œuvre de Nothomb. Rinri, décrit comme « un Tokyoïte bien singulier », fait bien pâle figure en terme de bizarrerie comparé aux autres personnages de l’univers nothombien. Pourtant, Rinri a une histoire particulière, un cheminement singulier dans la société japonaise et des goûts qui lui sont propres, notamment en terme de nourriture. Sa personnalité reste par contre toujours un peu trop insaisissable et on ne s’attache jamais vraiment à lui. Comme quoi on aime mieux Amélie follement amoureuse, car elle sait alors nous faire aimer aussi.

Ni d'Ève, ni d'Adam, de Amélie Nothomb, chez Albin Michel, 245 pages.

jeudi 27 septembre 2007

Deux bons coups pour les Humanoïdes Associés

Nouveautés pour tous les âges et tous les goûts, Les Humanoïdes Associés offrent une vaste gamme de bande-dessinée. La tendance actuelle vers le style manga est fortement représentée.

Carthago
- volume 1 : Le Lagon de Fortuna par Christophe et Eric Henninot.
À la recherche de gisements pétroliers sous-marins, une foreuse délivre d’une caverne un prédateur préhistorique encore bien vivant : le Mégalodon, ancêtre du grand requin blanc. Pêcheurs, océanographes, entrepreneurs et collectionneurs entament alors, chacun de leurs côtés, une chasse loin d’être gagnée d’avance... Cette histoire fort intéressante nous laissera cependant sur notre appétit, car il faudra attendre les tomes suivants pour savoir comment va clore l’aventure! En plus des dessins déjà forts réalistes, la coloration apporte à cette bande dessinée la profondeur même, sombre et épurée, des fonds marins encore très peu explorés.

Earl & Mooch - volume 1 : La nuit des chasseurs par Patrick McDonnell.
On les connaît pour les avoir vus et lus dans plusieurs quotidiens. Earl et Mooch ont maintenant leur album! On suit les petites aventures d’un chat et d’un chien de voisinage, qui deviennent copains grâce à leurs intérêts communs, comme la viande chez l’épicier. Les deux animaux se surprennent pourtant, chacun de leurs côtés, des différents comportements de leurs races respectives. Les dessins en noir et blanc sont plutôt simplistes, mais ces petites histoires sauront vous décrocher plusieurs sourires.

Pluie d’étéSergio Algozzino.
Une autobiographie «dessinée» de l’auteur, où nous le rencontrons à différentes étapes de sa vie. La génération des 25-35 ans se sentira particulièrement concernée en partageant, dans une première partie brillamment présentée, ses souvenirs d’enfance, ses intérêts et ses modèles. Malheureusement, on finit par s’ennuyer après les vingt premières pages alors que la lecture se poursuit plutôt sur un cheminement de vie qui manque d’insolite. Visuellement, des éléments graphiques (comme la numérisation d’autographe d’une personnalité connue) viennent renforcer le texte, mais on s’aperçoit par ce même procédé que l’auteur aurait pu aller plus loin dans la qualité de ses illustrations et donne donc l’impression d’un travail fait «à la sauvette».

mardi 25 septembre 2007

Le dépaysement chez soi


Le pays dans le pays, de Francine Chicoine et Serge Jauvin et publié aux Éditions David est beaucoup plus qu'un beau livre. Le projet de l'écrivaine et du photographe, ayant tous les deux choisi la Côte-Nord comme lieu de résidence il y a plus de 30 ans est aussi une exposition (qui a été présentée au Musée Régional de la Côte-Nord cet été) et un document multimédia. Derrière cette ambitieuse entreprise on retrouve, entre autres, la volonté de redonner à la région le respect qu'elle mérite.

Mieux qu'un dépliant touristique, le livre dans lequel les photos et les textes se marient pour nous faire découvrir la Côte-Nord de l'intérieur nous donne l'envie d'aller sur place pour habiter chaque parcelle de cet immense territoire. De la faune et la flore à la réalité socio-économique actuelle en passant par "les gens de ce pays", on sent dans chacune des images de Jauvin comme dans chacun des mots de Chicoine, la considération qu'ils ont pour cette région qu'ils découvrent encore et toujours au fil des saisons.

Le document multimédia, pour sa part, nous fait traverser les quatre saisons nord-côtières, du dégel jusqu'à l'hiver suivant. La trame sonore, qui ponctue le montage photo de manière juste et sensible, ajoute à l'expérience. Quant à l'exposition, il faudra ouvrir l'oeil car il se pourrait qu'elle se promène un jour à travers le pays...

"Il ne faut jamais laisser aux autres le soin de dire son pays", dit Serge Bouchard, qui signe la préface du livre... Francine Chicoine et Serge Jauvin ont donc créé ce grand poème, que tous les nord-côtiers voudront sans doute réciter à tous vents, pour le faire connaître.

vendredi 21 septembre 2007

À Épilogue cette semaine [ 23 septembre ]

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• Bryan Saint-Louis nous parle du nouveau roman d'Amélie Nothomb, Ni d'Ève, ni d'Adam.
• Danielle Bourgeois nous amène à la découverte de la Côte-Nord avec le livre Le pays dans le pays du photographe Serge Jauvin et de l'écrivaine Francine Chicoine
• Claudine Dufour nous trimballe dans l'univers de Boucar Diouf avec Sous l'arbre à palabres, mon grand-père disait...
et Marco April cause BD!

Épilogue, dimanche 11h
rediffusion lundi 10h
sur les ondes de CKIA 88,3-FM à Québec

En direct sur le web

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mardi 18 septembre 2007

Bourgault selon Nadeau


«Un homme vif, énergique, complexe». Voilà les mots choisis par Jean-François Nadeau pour qualifier l'immense personnage de Pierre Bourgault à qui il vient de consacrer une biographie publiée chez Lux Éditeur.

En entrevue à Épilogue (diffusée le dimanche 16 septembre 2007), Nadeau, historien et directeur des pages culturelles du journal Le Devoir a parlé avec assurance et un enthousiasme évident de Bourgault dont il a tenté de cerner la pensée et le parcours au cours des quatre dernières années. Au départ amorcé comme base d'un cahier spécial du Devoir consacré à Bourgault à sa mort en juin 2003, le travail de Jean-François Nadeau a vite fait de se transformer en papier de 20, 30, 70 pages. Bref, pourquoi ne pas y consacrer un livre entier? a fini pas se dire l'auteur. C'est ce qu'il a fait pour notre plus grand bonheur, d'ailleurs. Quatre ans et 600 pages plus tard, Nadeau nous propose donc son Bourgault, livre très bien reçu par la critique et, surtout, par le public puisqu'il récolte présentement un succès qui dépasse, et de loin, les attentes de son auteur.

Ouvrage rigoureux, complet et terriblement accrocheur, Bourgault tient à la fois de la biographie et de l'essai biographique. On sent le Nadeau journaliste dans sa manière de poser des questions, d'écrire de manière fluide et vivante sans jamais tomber dans la facilité.

Le Pierre Bourgault qu'on découvre au fil de ses 600 pages qui se lisent dans le temps de le dire (et qui nuisent cruellement aux heures de sommeil!), se révèle, oui, un homme «vif, énergique et complexe», comme le dit si bien Jean-François Nadeau. De son enfance dans les Cantons-de-l'Est jusqu'à sa carrière de professeur en passant par la fondation du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) et sa rivalité légendaire avec René Lévesque, Nadeau nous propose un regard sur cet homme étonnant, fidèle à lui-même dans tous les combats et ce, malgré bien les ennuis que son franc-parler a pu lui occasionner.

Homosexuel à une époque où sortir du placard était impensable pour un homme public, maniaque de théâtre qui a dû laisser tomber son rêve, tribun amoureux de la langue française et homme de terrain pourtant jamais élu, Pierre Bourgault a aussi été dans sa vie privée un personnage plus grand que nature. Un être qui a en quelque sorte bâti chaque jour son propre mythe, n'hésitant pas à faire table rase, à entretenir des amitiés étonnantes, à avoir des comportements parfois contradictoires. Mais malgré les paradoxes et les zones grises, il est resté lui-même, jusqu'à la fin.

Un dossier sur Pierre Bourgault : ici

- Valérie Gaudreau

lundi 17 septembre 2007

J'ai sauvé la peau d'un tit ours

Certes, dans Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, Arto Paasilinna ne nous apporte pas en terrains inconnus. Ce nouveau roman se compare avec plusieurs des autres romans de l’auteur finlandais. Le pasteur Huuskonen, homme d’âge mur, couplé d’une femme qui ne soulève plus sa passion, blasé par un métier qui le déçoit de plus en plus, est le portrait type d’un héros de ses romans. Quand il amorce avec son ours Belzeb son grand périple d’errance au travers de l’Europe, on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour Le lièvre de Vatanen, autre grand roman de Paasilinna : est-ce seulement la taille de l’animal qui diffère? La quête du bonheur, la religion, les décors finlandais : tout y est, et on replonge dans ce roman comme dans une vieille couverture chaude, reconnaissant l’inimitable style d’écriture du Finlandais, ses personnages singuliers, ses rebondissements. À la manière de Jacques Poulin, on peut accuser Paasilinna de raconter toujours la même histoire. Mais chaque rencontre est unique, chaque détail historique inséré à son intérêt, chaque voyage apporte quand même son lot de sourires. Allez-y, Arto, racontez-nous encore une histoire : on attend déjà le prochain.

- Bryan St-Louis

Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, de Arto Paasilinna, chez Denoël, 307 pages.