jeudi 4 octobre 2007

Cette semaine à Épilogue [7 octobre]


• Bryan St-Louis s'entretient avec l'écrivaine Hélène Bard pour son roman Hystéro, paru aux éditions du Marchand de feuilles.
• Claudine Dufour nous parle du dernier roman du prolifique auteur François Gravel, Vous êtes ici, paru chez Québec / Amérique.
• Danielle Bourgeois nous parle de poésie
• Et Bryan St-Louis fait un retour sur le thriller urbain Ville de chien, de Joseph Bunkoczy, paru aux éditions Tryptique.

Épilogue, dimanche 11h, rediffusion lundi 10h,
sur les ondes de CKIA 88,3-FM à Québec
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mercredi 3 octobre 2007

Le choc culturel apprivoisé


Si Boucar Diouf est devenu océanographe pour éviter d’avoir à « travailler pour des peanuts » (comprendre : de devoir cultiver des arachides, comme son père), il est devenu humoriste par plaisir et par vocation, sur les traces de son grand-père griot. Dans Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait, publié aux éditions Les intouchables, il partage avec nous un pan de la sagesse populaire de ses ancêtres. De son propre aveu, son but premier n’est toutefois pas de nous offrir un dictionnaire de proverbes africains, mais plutôt de nous faire sourire, ce qui fonctionne plutôt bien, une fois le choc culturel apprivoisé.

Soyons honnêtes, le québécois pure laine moyen pourra de prime abord se sentir déstabilisé par les références culturelles. Toutefois, pour peu qu’il accepte de perdre ses repères, il se laissera glisser assez rapidement dans cet univers de lions et de hyènes. Et si malgré tous ses efforts il ne se sent pas interpellé par les contes qui ont pour décor l’Afrique, il ne pourra échapper au miroir que lui tendra Diouf dans la dernière partie du livre. Ponctuant son récit d’anecdotes vécues ou empruntées à d’autres immigrants, le conteur relate alors son acclimatation au Québec, tout en prenant un malin plaisir à nous mettre sous le nez des habitudes qu’on ne questionne plus. En illustrant par exemple notre rapport au temps qui passe ou à l’hiver trop long, il bouscule nos certitudes.

Les thèmes ne sont pas nouveaux (la série Pure Laine, diffusée à Télé-Québec, tient un discours semblable), mais ils prennent une saveur nouvelle sous la plume de Diouf. Si le rythme des Galas Juste pour rire ne donne pas toujours le temps au propos du Sénégalais de s’installer en nous, ce livre ludique nous offre l’occasion de nous y attarder. À mettre en toutes sur les mains, en cette période de débats sur les accommodements raisonnables.

Dans la forêt des mal-élevés

Stéphane Dompierre a eu la plume heureuse lors de la parution de son premier roman, Un petit pas pour l’homme, qui a vendu plus de 36 000 exemplaires, surfant sur une vague de popularité relancée tant par le Grand prix de la relève Archambault que par sa présence au Combat des livres de Marie-France Bazzo. Il est donc normal que tous attendaient avec impatience un deuxième roman, qui vient tout juste d’arriver en librairie : Mal élevé.

Si le premier roman de Dompierre a fait rire, celui-ci fera plutôt sourire. Cette fois, l’auteur a voulu être un cran plus sérieux. Néanmoins, si la promotion entourant Mal élevé laissait présager une importante réflexion sur la trentaine et les relations hommes-femmes, on découvre plutôt un roman léger, sympathique et vivant, mais qui manquera d’originalité pour vraiment laisser sa marque.

On y suit les tribulations du personnage d’Alex, musicien trentenaire à la croisée des chemins dans sa vie amoureuse avec Sandrine, mais aussi dans sa vie professionnelle, où le choix d’une voie musicale s’impose afin assurer son gagne-pain. Malheureusement, ces deux thématiques ne manqueront pas d’utiliser beaucoup de clichés. Les réflexions sur la monde de la musique, où recherche artistique et popularité ne vont pas toujours de pair, sont plutôt convenues. Égratigner Wilfred au passage semble même un peu facile. Celles sur la vie amoureuse laisse aussi souvent une impression de déjà vu, qu’on parle de belle-famille, de redécoration ou de bandes à épiler. Il manque souvent de senti, comme on a pourtant la chance de le voir dans les relations d’Alex avec sa propre famille.

Malgré tout, Dompierre réussit très bien à mettre en scène des personnages vivants auxquels on ne manque pas de s’attacher. On parie déjà que leur passage à l’écran sera très intéressant – l’adaptation cinématographique est déjà annoncée pour 2009.

Mal élevé, par Stéphane Dompierre, chez Québec/Amérique, 197 pages.

dimanche 30 septembre 2007

Victor-Lévy au pays des merveilles

VLB désirait écrire un conte inspiré de Blanche-Neige et les Sept Nains, s'approprier cette histoire connue de tous et l'apprêter à la sauce québécoise... c'est donc dans les environs de Squatec que Blanche-Neige prend les traits d'une jeune fille, Neigenoire, qui habite avec son père et que les sept nains deviennent les sept chiens, inspirés par ceux de monsieur Beaulieu. À cela s'ajoute une vieille tante aigrie, qui n'aime pas les chiens, jalouse sa nièce et, surprise, possède un miroir qui lui permet de voler l'identité des gens. Si les similitudes avec Blanche-Neige et les Sept Nains sont évidentes, le lecteur peut aussi en trouver quelques unes avec Alice au Pays des Merveilles et L'autre coté du miroir, de Lewis Carroll, ce qui n'est pas sans intérêt.

Merveilleusement bien illustré par l'artiste Mylène Henry (dont on peut voir les oeuvres sur son site internet), le livre vaut assurément le coup d'oeil. La lecture même, au-delà de l'histoire, est une expérience ludique qui plaira autant aux enfants qu'aux plus grands. Voilà une bien belle manière de découvrir Victor-Lévy Beaulieu...