samedi 29 septembre 2007

Cette semaine à Épilogue [30 septembre]


• Valérie Gaudreau discute avec l'écrivaine Christine Eddie de son roman Les Carnets de Douglas
• Bryan Saint Louis critique Mal élevé, le nouveau roman de Stéphane Dompierre
• Marc Allard nous parle de l'essai dérangeant Gang bang, pornographie de la démolition du philosophe et journaliste français Frédéric Joignot
• Et Danielle Bourgeois nous fait découvrir le conte Neigenoire et les sept chiens de Victor-Lévy Beaulieu

Épilogue, dimanche 11h
rediffusion lundi 10h
sur les ondes de CKIA 88,3-FM à Québec
En direct sur le web

vendredi 28 septembre 2007

L'autre côté de l'aventure tokyoïte

Le nouveau roman d’Amélie Nothomb, Ni d’Ève, ni d’Adam, est un complément à une autre oeuvre de la singulière auteur belge, Stupeur et tremblements. En effet, au moment où elle déboulait l’échelle sociale dans la société qui l’avait engagée à son retour au Japon, Nothomb vivait aussi une histoire d’amour avec un Japonais qu’elle avait rencontré en devenant professeur de français. Ni d’Ève, ni d’Adam est donc l’autre fragment de ce périple japonais, dont elle avait quelques fois parlé en entrevue. Le lecteur fidèle saura donc y trouver de l’intérêt, même si, malheureusement, il ne s’agit pas là du meilleur roman de Nothomb.

Rinri, l’amoureux japonais, est celui qui donne la réplique à Amélie au cours de ce roman. Pour une rare fois, l’auteur change les rôles, devenant cette fois la bourreau plutôt que l’amoureuse suppliante. Or, on pourrait être tenté de croire que cette position lui sied un peu moins bien – littérairement parlant, du moins. Le roman ne manque pas de scènes cocasses, certaines luttes de caractère entre les personnages, ou de grands moments, comme l’ascension du mont Fuji. Cependant, il manque un petit côté mordant qui caractérise pourtant tout le reste de l’œuvre de Nothomb. Rinri, décrit comme « un Tokyoïte bien singulier », fait bien pâle figure en terme de bizarrerie comparé aux autres personnages de l’univers nothombien. Pourtant, Rinri a une histoire particulière, un cheminement singulier dans la société japonaise et des goûts qui lui sont propres, notamment en terme de nourriture. Sa personnalité reste par contre toujours un peu trop insaisissable et on ne s’attache jamais vraiment à lui. Comme quoi on aime mieux Amélie follement amoureuse, car elle sait alors nous faire aimer aussi.

Ni d'Ève, ni d'Adam, de Amélie Nothomb, chez Albin Michel, 245 pages.

jeudi 27 septembre 2007

Deux bons coups pour les Humanoïdes Associés

Nouveautés pour tous les âges et tous les goûts, Les Humanoïdes Associés offrent une vaste gamme de bande-dessinée. La tendance actuelle vers le style manga est fortement représentée.

Carthago
- volume 1 : Le Lagon de Fortuna par Christophe et Eric Henninot.
À la recherche de gisements pétroliers sous-marins, une foreuse délivre d’une caverne un prédateur préhistorique encore bien vivant : le Mégalodon, ancêtre du grand requin blanc. Pêcheurs, océanographes, entrepreneurs et collectionneurs entament alors, chacun de leurs côtés, une chasse loin d’être gagnée d’avance... Cette histoire fort intéressante nous laissera cependant sur notre appétit, car il faudra attendre les tomes suivants pour savoir comment va clore l’aventure! En plus des dessins déjà forts réalistes, la coloration apporte à cette bande dessinée la profondeur même, sombre et épurée, des fonds marins encore très peu explorés.

Earl & Mooch - volume 1 : La nuit des chasseurs par Patrick McDonnell.
On les connaît pour les avoir vus et lus dans plusieurs quotidiens. Earl et Mooch ont maintenant leur album! On suit les petites aventures d’un chat et d’un chien de voisinage, qui deviennent copains grâce à leurs intérêts communs, comme la viande chez l’épicier. Les deux animaux se surprennent pourtant, chacun de leurs côtés, des différents comportements de leurs races respectives. Les dessins en noir et blanc sont plutôt simplistes, mais ces petites histoires sauront vous décrocher plusieurs sourires.

Pluie d’étéSergio Algozzino.
Une autobiographie «dessinée» de l’auteur, où nous le rencontrons à différentes étapes de sa vie. La génération des 25-35 ans se sentira particulièrement concernée en partageant, dans une première partie brillamment présentée, ses souvenirs d’enfance, ses intérêts et ses modèles. Malheureusement, on finit par s’ennuyer après les vingt premières pages alors que la lecture se poursuit plutôt sur un cheminement de vie qui manque d’insolite. Visuellement, des éléments graphiques (comme la numérisation d’autographe d’une personnalité connue) viennent renforcer le texte, mais on s’aperçoit par ce même procédé que l’auteur aurait pu aller plus loin dans la qualité de ses illustrations et donne donc l’impression d’un travail fait «à la sauvette».

mardi 25 septembre 2007

Le dépaysement chez soi


Le pays dans le pays, de Francine Chicoine et Serge Jauvin et publié aux Éditions David est beaucoup plus qu'un beau livre. Le projet de l'écrivaine et du photographe, ayant tous les deux choisi la Côte-Nord comme lieu de résidence il y a plus de 30 ans est aussi une exposition (qui a été présentée au Musée Régional de la Côte-Nord cet été) et un document multimédia. Derrière cette ambitieuse entreprise on retrouve, entre autres, la volonté de redonner à la région le respect qu'elle mérite.

Mieux qu'un dépliant touristique, le livre dans lequel les photos et les textes se marient pour nous faire découvrir la Côte-Nord de l'intérieur nous donne l'envie d'aller sur place pour habiter chaque parcelle de cet immense territoire. De la faune et la flore à la réalité socio-économique actuelle en passant par "les gens de ce pays", on sent dans chacune des images de Jauvin comme dans chacun des mots de Chicoine, la considération qu'ils ont pour cette région qu'ils découvrent encore et toujours au fil des saisons.

Le document multimédia, pour sa part, nous fait traverser les quatre saisons nord-côtières, du dégel jusqu'à l'hiver suivant. La trame sonore, qui ponctue le montage photo de manière juste et sensible, ajoute à l'expérience. Quant à l'exposition, il faudra ouvrir l'oeil car il se pourrait qu'elle se promène un jour à travers le pays...

"Il ne faut jamais laisser aux autres le soin de dire son pays", dit Serge Bouchard, qui signe la préface du livre... Francine Chicoine et Serge Jauvin ont donc créé ce grand poème, que tous les nord-côtiers voudront sans doute réciter à tous vents, pour le faire connaître.