Génération pendue a
été publié deux fois à compte d’auteur avant de finalement se retrouver entre
les mains de l’éditeur Jean Barbe. Sa précieuse aide et une parution chez
Leméac permettent finalement au texte de l’écrivaine et cinéaste Myriam Caron de
rencontrer véritablement son public.
En lisant ce premier roman, très personnel, on comprend pourquoi
Myriam Caron a persisté à faire vivre son œuvre. Génération pendue raconte l’histoire de Maël, alter ego de l’auteur,
qui débute son adolescence à Sept-Îles. Maël se cherche et se questionne, comme
toutes les adolescentes, mais son spleen est profond et la fait bien souvent
penser au suicide. Le drame, c’est que ce mal de vivre, qui ne la quittera pas
jusqu’à l’âge adulte, est partagé par des amis, des amoureux, des connaissances.
Souvent, trop souvent, les autres franchissent le pas : ils sont plus
d’une dizaine commettre l’irréparable et à abandonner Maël, qui elle poursuit
sa route en tentant de comprendre son mal de vivre et celui de sa génération.
Elle se demande pourquoi elle-même n’a pas encore commis le geste ultime. Elle
cherche à comprendre pourquoi elle n’a pas pu empêcher d’autres de le faire, ou
comment elle aurait pu prévenir le coup.
Autant de morts injustes rassemblées en si peu de pages finissent
par assommer le lecteur, voire même le désensibiliser, tant les suicidés
déboulent en cascades d’un chapitre à l’autre. Génération pendue n’est pas un roman parfait : néanmoins, on
sent le cri du cœur de son auteur et la volonté de parler de ces drames
injustes pour qu’ils n’aient pas servi à rien. Malgré ses imperfections et sa
lourdeur, même si l'on sent parfois le travail, c’est exactement ainsi que Génération pendue devait être livré. Un
roman pour ceux qui restent, mais aussi pour ceux qui ont besoin de parler d’un
sujet que, bien trop souvent, on évite.
Génération pendue, de Myriam Caron, chez Leméac.
- Bryan St-Louis