vendredi 17 février 2012

Génération de malheurs


Génération pendue a été publié deux fois à compte d’auteur avant de finalement se retrouver entre les mains de l’éditeur Jean Barbe. Sa précieuse aide et une parution chez Leméac permettent finalement au texte de l’écrivaine et cinéaste Myriam Caron de rencontrer véritablement son public.
En lisant ce premier roman, très personnel, on comprend pourquoi Myriam Caron a persisté à faire vivre son œuvre. Génération pendue raconte l’histoire de Maël, alter ego de l’auteur, qui débute son adolescence à Sept-Îles. Maël se cherche et se questionne, comme toutes les adolescentes, mais son spleen est profond et la fait bien souvent penser au suicide. Le drame, c’est que ce mal de vivre, qui ne la quittera pas jusqu’à l’âge adulte, est partagé par des amis, des amoureux, des connaissances. Souvent, trop souvent, les autres franchissent le pas : ils sont plus d’une dizaine commettre l’irréparable et à abandonner Maël, qui elle poursuit sa route en tentant de comprendre son mal de vivre et celui de sa génération. Elle se demande pourquoi elle-même n’a pas encore commis le geste ultime. Elle cherche à comprendre pourquoi elle n’a pas pu empêcher d’autres de le faire, ou comment elle aurait pu prévenir le coup.
Autant de morts injustes rassemblées en si peu de pages finissent par assommer le lecteur, voire même le désensibiliser, tant les suicidés déboulent en cascades d’un chapitre à l’autre. Génération pendue n’est pas un roman parfait : néanmoins, on sent le cri du cœur de son auteur et la volonté de parler de ces drames injustes pour qu’ils n’aient pas servi à rien. Malgré ses imperfections et sa lourdeur, même si l'on sent parfois le travail, c’est exactement ainsi que Génération pendue devait être livré. Un roman pour ceux qui restent, mais aussi pour ceux qui ont besoin de parler d’un sujet que, bien trop souvent, on évite.

Génération pendue, de Myriam Caron, chez Leméac.

- Bryan St-Louis

mercredi 15 février 2012

Les feux de l'amour


Au grand plaisir de leurs très nombreux fans (Les Nombrils ont maintenant vendu plus de un million d’exemplaires dans la francophonie), Delaf et Dubuc lançaient, juste à temps pour Noël, le cinquième album des aventures de Karine, Jenny et Vicky, Un couple d’enfer. Encore une fois, la parution de l’album a soulevé l’enthousiasme du public et de la critique, et pour cause : loin de s’essouffler, la série des Nombrils gagne en profondeur et, au-delà des gags, l’histoire prend de plus en plus d’importance. Au tournant du quatrième tome, la blonde et servile Karine se relookait, adoptait le noir et s’affranchissait des populaires Jenny et Vicky pour se rapprocher d’Albin, le guitariste albinos. La table était mise pour le cinquième tome, où les deux déesses de l’école cherchent à reprendre leur influence sur leur faire-valoir et où l’on en apprend un peu plus sur le mystérieux Albin. Tout ça sans oublier Dan, l’ancien copain de Karine, qui regrette toujours de l’avoir quittée. Oui, au final, on constate que la trame narrative des Nombrils prend beaucoup de place, que tout est plus réfléchi, fignolé. Les Nombrils sont moins frivoles, mais l’œuvre y gagne et impose une suite. Heureusement, il y a toujours Jenny pour nous faire franchement éclater de rire. Les auteurs des Nombrils méritent franchement leur succès et il faut absolument mettre les albums de cette série entre les mains des plus jeunes et des moins jeunes en attendant le sixième tome.

Les Nombrils : un couple d'enfer, de Delaf et Dubuc, chez Dupuis.

- Bryan St-Louis