Le ROQ (le Rest of
Quebec, bien sûr) n’était peut-être pas encore au courant : le
quartier in de Montréal n’est plus le
Plateau, c’est maintenant le Mile-End : un quartier branché, peuplé de hipsters bilingues (c’est ce qui
explique sans doute le titre anglophone de ce roman de Pierre-Marc Drouin, Mile End Stories), où se multiplient les
fêtes dans les appartements d’inconnus et les soirées arrosées dans les petits
bars.
Luc, 24 ans, personnage principal de Mile-End Stories, vit une rupture douloureuse avec son ancienne
conjointe et ce, même si c’est lui qui l’a trompée et finalement quittée. En
quête de nouvelles aventures et d’un changement d’air, le jeune homme déménage
avec un ami dans le Mile-End. On suit, sous forme de chroniques, ses
aventures : les jours et surtout les nuits sont peuplées de femmes,
d’alcool, mais aussi de la recherche d’une délivrance par rapport à sa dernière
amoureuse.
La quatrième de couverture de Mile-End Stories nous dit que « Pierre-Marc Drouin dresse le portrait
universel d’une peine d’amour vécue avec la fougue de la vingtaine ».
C’est effectivement le cas : Luc plonge, sans repères, dans sa nouvelle
vie. Il se cherche dans les bras des autres femmes, il papillonne d’une fête à
l’autre, d’un boulot à l’autre. Luc n’arrive pas à oublier son amour et on le
lit à s’étourdir d’une femme à l’autre, d’un party à l’autre, d’un moment de
liberté à un autre down.
Le thème de la peine d’amour est universel et la quête de
bonheur de Luc est bien rendue. Cependant, après la longue série d’écrits et de
téléromans centrés sur de jeunes vingtenaires du Plateau, les tribulations du
Mile-End sentent le réchauffé et peinent à susciter l’intérêt. Les critiques du
genre s’en donneront à cœur joie en feuilletant ce roman : entre quelques
scènes de sexe et de drinks de trop,
on cherche qu’est-ce qui pourrait bien singulariser la peine de Luc et la plume
de l’auteur. D’autant plus que le protagoniste, en salaud de bonne famille qui
plonge toujours plus loin dans l’abîme de ses déboires, manque à titiller notre
empathie de lecteur. On appréciera beaucoup plus l’écriture de Pierre-Marc
Drouin, somme toute intéressante, lorsqu’il saura trouver une histoire un peu
moins convenue.
Mile End Stories, de Pierre-Marc Drouin, chez Québec Amérique.
- Bryan St-Louis