jeudi 8 décembre 2011

Sexe, drogue et lunettes à large monture noire


Le ROQ (le Rest of Quebec, bien sûr) n’était peut-être pas encore au courant : le quartier in de Montréal n’est plus le Plateau, c’est maintenant le Mile-End : un quartier branché, peuplé de hipsters bilingues (c’est ce qui explique sans doute le titre anglophone de ce roman de Pierre-Marc Drouin, Mile End Stories), où se multiplient les fêtes dans les appartements d’inconnus et les soirées arrosées dans les petits bars.

Luc, 24 ans, personnage principal de Mile-End Stories, vit une rupture douloureuse avec son ancienne conjointe et ce, même si c’est lui qui l’a trompée et finalement quittée. En quête de nouvelles aventures et d’un changement d’air, le jeune homme déménage avec un ami dans le Mile-End. On suit, sous forme de chroniques, ses aventures : les jours et surtout les nuits sont peuplées de femmes, d’alcool, mais aussi de la recherche d’une délivrance par rapport à sa dernière amoureuse.

La quatrième de couverture de Mile-End Stories nous dit que « Pierre-Marc Drouin dresse le portrait universel d’une peine d’amour vécue avec la fougue de la vingtaine ». C’est effectivement le cas : Luc plonge, sans repères, dans sa nouvelle vie. Il se cherche dans les bras des autres femmes, il papillonne d’une fête à l’autre, d’un boulot à l’autre. Luc n’arrive pas à oublier son amour et on le lit à s’étourdir d’une femme à l’autre, d’un party à l’autre, d’un moment de liberté à un autre down.

Le thème de la peine d’amour est universel et la quête de bonheur de Luc est bien rendue. Cependant, après la longue série d’écrits et de téléromans centrés sur de jeunes vingtenaires du Plateau, les tribulations du Mile-End sentent le réchauffé et peinent à susciter l’intérêt. Les critiques du genre s’en donneront à cœur joie en feuilletant ce roman : entre quelques scènes de sexe et de drinks de trop, on cherche qu’est-ce qui pourrait bien singulariser la peine de Luc et la plume de l’auteur. D’autant plus que le protagoniste, en salaud de bonne famille qui plonge toujours plus loin dans l’abîme de ses déboires, manque à titiller notre empathie de lecteur. On appréciera beaucoup plus l’écriture de Pierre-Marc Drouin, somme toute intéressante, lorsqu’il saura trouver une histoire un peu moins convenue.

Mile End Stories, de Pierre-Marc Drouin, chez Québec Amérique.

- Bryan St-Louis