dimanche 11 décembre 2011
Émission du 11 décembre 2011
Ce dimanche, à 12 h, nous recevons en entrevue Dominic Bellavance, auteur de "Roman réalité" et de "Toi et moi it's complicated". En chroniques, des retours sur le livre de Jacques Nantel et sur le dernier roman de Fabien Ménar. Rendez-vous au 88,3 FM!
jeudi 8 décembre 2011
Sexe, drogue et lunettes à large monture noire
Le ROQ (le Rest of
Quebec, bien sûr) n’était peut-être pas encore au courant : le
quartier in de Montréal n’est plus le
Plateau, c’est maintenant le Mile-End : un quartier branché, peuplé de hipsters bilingues (c’est ce qui
explique sans doute le titre anglophone de ce roman de Pierre-Marc Drouin, Mile End Stories), où se multiplient les
fêtes dans les appartements d’inconnus et les soirées arrosées dans les petits
bars.
Luc, 24 ans, personnage principal de Mile-End Stories, vit une rupture douloureuse avec son ancienne
conjointe et ce, même si c’est lui qui l’a trompée et finalement quittée. En
quête de nouvelles aventures et d’un changement d’air, le jeune homme déménage
avec un ami dans le Mile-End. On suit, sous forme de chroniques, ses
aventures : les jours et surtout les nuits sont peuplées de femmes,
d’alcool, mais aussi de la recherche d’une délivrance par rapport à sa dernière
amoureuse.
La quatrième de couverture de Mile-End Stories nous dit que « Pierre-Marc Drouin dresse le portrait
universel d’une peine d’amour vécue avec la fougue de la vingtaine ».
C’est effectivement le cas : Luc plonge, sans repères, dans sa nouvelle
vie. Il se cherche dans les bras des autres femmes, il papillonne d’une fête à
l’autre, d’un boulot à l’autre. Luc n’arrive pas à oublier son amour et on le
lit à s’étourdir d’une femme à l’autre, d’un party à l’autre, d’un moment de
liberté à un autre down.
Le thème de la peine d’amour est universel et la quête de
bonheur de Luc est bien rendue. Cependant, après la longue série d’écrits et de
téléromans centrés sur de jeunes vingtenaires du Plateau, les tribulations du
Mile-End sentent le réchauffé et peinent à susciter l’intérêt. Les critiques du
genre s’en donneront à cœur joie en feuilletant ce roman : entre quelques
scènes de sexe et de drinks de trop,
on cherche qu’est-ce qui pourrait bien singulariser la peine de Luc et la plume
de l’auteur. D’autant plus que le protagoniste, en salaud de bonne famille qui
plonge toujours plus loin dans l’abîme de ses déboires, manque à titiller notre
empathie de lecteur. On appréciera beaucoup plus l’écriture de Pierre-Marc
Drouin, somme toute intéressante, lorsqu’il saura trouver une histoire un peu
moins convenue.
Mile End Stories, de Pierre-Marc Drouin, chez Québec Amérique.
- Bryan St-Louis
dimanche 20 novembre 2011
Emporte-moi
Normand Cousineau, est illustrateur, mais aussi globe-trotteur. Au fil de ses nombreux voyages, il s’est amusé à faire des croquis de paysages et de personnages, mais aussi de simples instants. Il s’est ensuite envoyé ces petites aquarelles, marquant ses souvenirs du sceau de la poste. Les images se sont ensuite accumulées dans une valise, jusqu’à ce qu’il les présente à la poète Jennifer Tremblay. Celle-ci a relevé le défi d’imaginer les messages qui auraient pu accompagner ces cartes postales. L’album De la ville, il ne me reste que toi est né de cette rencontre entre les dessins et les mots, entre les véritables souvenirs de voyage de l’illustrateur et ceux imaginés par l’écrivaine.
De la ville, il ne me reste que toi est un magnifique album. Les dessins de Cousineau sont des clichés colorés et vivants qui s’amusent entre le réel et l’anecdotique. Cependant, au-delà du visuel, ce sont surtout les mots de Jennifer Tremblay qui restent. Avec ses courtes phrases, l’auteure a su créer des moments d’émotions presque plus imagés que les dessins eux-mêmes. Cette écriture toute féminine met en scène une femme guidée par ses émotions, qu’elle soit une voyageuse, une mère, une amante ou une amoureuse. Il y a celle qui part, celle qui voyage, mais aussi celle qui reste derrière : on ne « voyage pas [toujours] géographiquement » dans cet album où le désir plane autant que les avions, mais l’esprit s’envole, dans un moment de spleen. Il est difficile de ne pas être touché par cette poésie simple et vivante, qui donnera au lecteur le goût de ses propres voyages.
De la ville, il ne me reste que toi, de Jennifer Tremblay et Normand Cousineau, aux Éditions de la Bagnole.
- Bryan St-Louis
De la ville, il ne me reste que toi est un magnifique album. Les dessins de Cousineau sont des clichés colorés et vivants qui s’amusent entre le réel et l’anecdotique. Cependant, au-delà du visuel, ce sont surtout les mots de Jennifer Tremblay qui restent. Avec ses courtes phrases, l’auteure a su créer des moments d’émotions presque plus imagés que les dessins eux-mêmes. Cette écriture toute féminine met en scène une femme guidée par ses émotions, qu’elle soit une voyageuse, une mère, une amante ou une amoureuse. Il y a celle qui part, celle qui voyage, mais aussi celle qui reste derrière : on ne « voyage pas [toujours] géographiquement » dans cet album où le désir plane autant que les avions, mais l’esprit s’envole, dans un moment de spleen. Il est difficile de ne pas être touché par cette poésie simple et vivante, qui donnera au lecteur le goût de ses propres voyages.
De la ville, il ne me reste que toi, de Jennifer Tremblay et Normand Cousineau, aux Éditions de la Bagnole.
- Bryan St-Louis
samedi 19 novembre 2011
À Épilogue, ce dimanche 20 novembre
Épilogue sera de retour sur les ondes de CKIA FM 88,3 ce dimanche 20 novembre, à midi! Pour cette première émission, qui fait partie de la programmation de transition de CKIA, on vous présente une entrevue de Valérie Gaudreau avec Dany Laferrière, pour son nouveau roman L'art presque perdu de ne rien faire, et une critique du dernier roman de Marina Lewycka, qui sera entre autres à Québec ce lundi 21 septembre, à 19 h, pour une classe de maître au Palais Montcalm. Soyez à l'écoute!
samedi 12 novembre 2011
De la colle et des personnages
Les éditions Alto faisaient paraître, au printemps dernier,
une troisième traduction de l’auteur britannique Marina Lewycka. Après avoir
séduit le public et la critique avec Une brève histoire du tracteur en
Ukraine et Deux caravanes, l’écrivaine d’origine ukrainienne
allait-elle réussir un triplé? Tout en étant cousin des deux romans précédents,
ce nouveau titre s’aventure dans des eaux différentes. Bien que l’Europe de
l’Est flotte encore ça et là dans les 577 pages de ce volumineux ouvrage, Des
adhésifs dans le monde moderne est résolument britannique.
Georgie
Sinclair, pigiste pour une revue spécialisée sur les adhésifs, récemment
séparée, a une fille absente, un fils fuyant obsédé par la fin du monde et
un roman à l’eau de rose à réécrire. Elle semble avoir déjà son lot de
problèmes, mais voilà que Madame Shapiro, une vieille voisine juive qu’elle n’a
pourtant rencontré que deux fois, la désigne comme plus proche parente lors
d’un séjour à l’hôpital. Une amitié naît rapidement entre les deux femmes et
Georgie s’investit dans la vie de Madame Shapiro et de ses sept chats à l’hygiène
douteuse, d’autant plus que se mettent à graviter autour de la maison de la
dame des agents immobiliers aux méthodes douteuses, des ouvriers palestiniens
peu compétents, en plus de vieilles histoires, de secrets et de photos envoyées
d’Israël…
C’est beaucoup? Oui. Des adhésifs dans le monde moderne est
une œuvre touffue, mais Marina Lewcyka, fine auteure et habile colleuse,
assemble les pièces de son roman à monter avec subtilité et assurance. Les
personnages et les intrigues, le passé et le présent, les grands drames de
l’histoire mondiale comme les petites histoires personnelles : tout
s’entremêle dans ce roman intelligent et divertissant. Et oui, ça colle. À
merveille.
Mentionnons également au passage que Marina Lewcyka est une
des invités d’honneur du Salon du livre de Montréal 2011, qui a lieu du 16 au
21 novembre.
- Bryan St-Louis
mardi 18 octobre 2011
Tuer le père : quand la magie n’y est pas
Le 20e roman d’Amélie Nothomb est arrivé en librairie
il y a quelques semaines. C’était donc un roman anniversaire pour la prolifique
auteure belge, ce qui a suscité certaines attentes chez ses fans, d’autant plus
que le titre, Tuer le père, laissait
présager le meilleur. Finalement, on découvre dans ce court roman de 150 pages
l’histoire de Joe Whip, un jeune prodige abandonné par sa mère, qui découvre l’univers
de la magie à Reno. Impressionné par ses talents naturels, Norman, un magicien
reconnu, le prend sous son aile. Mais alors que Joe apprend les rudiments de la
magie, il vit aussi son premier amour, alors qu’il craque pour Christina, la
conjointe de Norman, une danseuse de feu. Comment la conquérir? L’univers est
singulier, insolite; le conflit est œdipien, voire freudien : bref, les
ingrédients sont présents. Malheureusement, la magie n’y est pas – sans jeu de
mots. Les personnages de Nothomb manquent de relief, les phrases ont moins d’impact.
Dans les brumes de Burning Man, Nothomb (qui nous avait déjà fait le coup dans Voyage d’hiver), montre encore une
fascination un peu enfantine pour l’univers des psychédéliques. Au final, elle
boucle aussi le récit de manière un peu irréaliste et surtout, froide. Les
nombreux lecteurs d’Amélie Nothomb trouveront encore une fois leur plaisir dans
ce rendez-vous annuel avec la dame aux grands chapeaux. Par contre, ce n’est
pas avec Tuer le père qu’elle
convaincra ceux qui, année après année, débarquent de sa locomotive littéraire.
Nothomb nous a habitués à tellement mieux. Après 150 pages, ce qui reste,
surtout, c’est (encore une fois) l’espoir d’une meilleure cuvée l’an prochain.
- Bryan St-Louis
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