Sa dernière œuvre pour adultes, La mort de Mignonne et autres histoires,
avait
été publiée en 2005. Sept ans plus tard, toujours hantée par le souvenir de la
jument Mignonne, Marie-Hélène Poitras nous revient, chez Alto, avec Griffintown.
Le quartier ouvrier montréalais de Griffintown est le repère des
chevaux et des caléchiers qui animent les rues du Vieux-Montréal pendant la
belle saison. Sous la plume de la journaliste, Griffintown devient le Far West
et les caléchiers, des cowboys tous singuliers qui habitent dans un monde retranché.
Marie, jeune Rose au cou cassé, tente de faire sa place dans ce milieu. Mais c’est
le dernier été de Griffintown qui s’amorce : dans cette histoire de
meurtre et de vengeance, les anciens cowboys doivent faire face aux nouveaux
cowboys.
L’écriture de Marie-Hélène Poitras est pleine. Son roman, foisonnant et
évocateur. On n’a aucune difficulté à imaginer ce Griffintown poussiéreux,
anachronique, comme si on avait tracé autour du quartier une frontière qui nous
amenait directement dans le désert du Texas, comme si chacun des personnages
croisés dans le roman sortait directement d’un saloon. Les mots suggèrent les
odeurs, les ambiances, les sons. Tout y est, y compris une finale digne d’un
grand western. Tout dans Griffintown est
parfait, précis, et chaque fois utile. En fait, tout y est si léché, tout y sent
tellement le travail acharné que parfois, par moment, on peut avoir l’impression
qu’il manque un peu de fougue et de légèreté à ce court roman digne de l’orfèvrerie.
Comme si le vernis de cette grande fresque était trop brillant. Mais, au final,
on ne peut que saluer la qualité de cette entreprise littéraire qui montre
encore une fois le talent de Marie-Hélène Poitras.
- Bryan St-Louis
Griffintown, de Marie-Hélène Poitras, chez Alto.
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