mercredi 3 octobre 2007

Le choc culturel apprivoisé


Si Boucar Diouf est devenu océanographe pour éviter d’avoir à « travailler pour des peanuts » (comprendre : de devoir cultiver des arachides, comme son père), il est devenu humoriste par plaisir et par vocation, sur les traces de son grand-père griot. Dans Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait, publié aux éditions Les intouchables, il partage avec nous un pan de la sagesse populaire de ses ancêtres. De son propre aveu, son but premier n’est toutefois pas de nous offrir un dictionnaire de proverbes africains, mais plutôt de nous faire sourire, ce qui fonctionne plutôt bien, une fois le choc culturel apprivoisé.

Soyons honnêtes, le québécois pure laine moyen pourra de prime abord se sentir déstabilisé par les références culturelles. Toutefois, pour peu qu’il accepte de perdre ses repères, il se laissera glisser assez rapidement dans cet univers de lions et de hyènes. Et si malgré tous ses efforts il ne se sent pas interpellé par les contes qui ont pour décor l’Afrique, il ne pourra échapper au miroir que lui tendra Diouf dans la dernière partie du livre. Ponctuant son récit d’anecdotes vécues ou empruntées à d’autres immigrants, le conteur relate alors son acclimatation au Québec, tout en prenant un malin plaisir à nous mettre sous le nez des habitudes qu’on ne questionne plus. En illustrant par exemple notre rapport au temps qui passe ou à l’hiver trop long, il bouscule nos certitudes.

Les thèmes ne sont pas nouveaux (la série Pure Laine, diffusée à Télé-Québec, tient un discours semblable), mais ils prennent une saveur nouvelle sous la plume de Diouf. Si le rythme des Galas Juste pour rire ne donne pas toujours le temps au propos du Sénégalais de s’installer en nous, ce livre ludique nous offre l’occasion de nous y attarder. À mettre en toutes sur les mains, en cette période de débats sur les accommodements raisonnables.

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