jeudi 11 octobre 2007

Le gris et le noir

Viktor Hernyo avait soif de pouvoir : petit à petit, en utilisant parfois des méthodes de persuasion un peu trop fermes, il a acheté des immeubles, des rues, puis des quartiers entiers d’une ville qu’il rêve de posséder entièrement un jour. De la grande pyramide qui lui sert de quartier général, il observe la ville où fourmille son armée et se demande comment il pourra parvenir à étendre sa domination sur le dernier quartier de la ville qui lui échappe toujours, un quartier central mais usé, où habite une population underground qui vit en marge du reste de la société.

C’est dans ce quartier qu’habite Otto Prime, le jeune héros de cette histoire, qu’on rencontre au moment où il tombe sous le charme d’une femme mystérieuse, fort jolie et pleine de caractère : c’est Tita, qui s’avère être aussi la fille de Viktor Hernyo.

Résumer Ville de chien, le quatrième livre de l’auteur Joseph Bunkoczy, c’est en révéler la plus grande faiblesse. La structure du roman est cartésienne, logique… et prévisible. Aussitôt que Tita tombe pour le jeune rebelle Otto, et aussitôt qu’Heryno confirme que sa fille est la seule pour qui il a des sentiments, qu’elle constitue sa seule faiblesse, et que débute la lutte entre le bien et le mal pour le contrôle de la ville, on devine comment toute cette aventure se terminera. Et au moment de tourner les dernières pages, on réalise qu’on avait raison.

La surprise n’est donc pas au rendez-vous. Mais Ville de chien vaudra quand même le détour : avec son écriture, Bunkoczy crée une atmosphère cohérente et prenante en nous emmenant dans cette ville grise et noire où le pouvoir parallèle a pris toute la place. La tension rappelle un peu 1984, de George Orwell, et les scènes de combat, avec ses gangs de rue cachées dans de vieux édifices, évoquent presque La Matrice. Bref, un thriller immobilier qu’on appréciera pour ses atmosphères.


Ville de chien, de Joseph Bunkoczy, chez Tryptique, 199 pages.

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