lundi 17 novembre 2008

Bête sauvage

Résumer le deuxième roman de Laurent Chabin aux éditions Coups de tête, Speranza, c’est s’adonner au pire des exercices. Parce que tout de suite après avoir expliqué que Chabin propose ici une vision particulière du mythe de Robinson Crusoé, on pourrait être tenté de s’accrocher aux détails croustillants (genre quand le héros baise une chèvre pour assouvir ses pulsions pis qu’il la tue sans faire exprès parce qu’il est trop lourd, t’sais?) Pourtant, on a tout intérêt à mettre un peu de côté ce qui semble trop gros dans cette histoire (genre quand Robinson devient le dominant dans une relation homosexuelle particulièrement charnelle avec un jeune esclave qu’on avait emmené sur son île pour un sacrifice, t’sais?) et à se concentrer plutôt sur la réflexion philosophique qui se cache derrière cette fable : la société est-elle innée chez l’être humain? Les pulsions et réactions de l’homme sont-elles inhérentes à l’être humain et inévitable dès qu’on entre en relation avec d’autres êtres vivants? On a appris à connaître Laurent Chabin, à apprivoiser son style si particulier, cru mais intelligent, qui pose de bonnes questions sur l’homme et sa société. Par contre, dans Speranza, l’arbre cache peut-être un peu trop la forêt. Le lecteur trop sensible est peut-être mieux de s’abstenir, celui qui veut se questionner aurait intérêt à plonger. Comme un animal.

Laurent Chabin, Speranza, aux éditions Coups de tête, 90 pages.

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