Au début des années 30, Michael Renner quitte Halifax pour
aller prendre soin de sa grand-mère, qui habite à Berlin. Le voyage qui débute
pour le jeune homme est l’occasion de renouer avec ses racines allemandes, mais
aussi de découvrir sa vraie personnalité. Michael décidera de rester à Berlin,
d’y faire sa vie. Cependant, alors qu’il tente de se créer une vie
« normale », d’avoir une femme et des enfants, l’underground
berlinois décadent de l’entre-deux guerre l’appelle et l’enivre, d’autant plus
qu’il y croise Jan, un jeune prostitué pour lequel il se passionne. Envers et
contre tout un régime qui écrase la différence, Michael a déjà commencé à
suivre un chemin duquel on ne revient pas…
Par l’entremise de ces deux personnages, Stephens Gerard
Malone amène le lecteur à découvrir le sort réservé aux homosexuels par le
régime nazi, qui étaient encore plus bassement considérés que les Juifs, et dont le destin a été souvent ignoré. Le récit, échelonné sur plusieurs années, nous montre également la
progression des répressions nazies pour le peuple juif, mais aussi l’ensemble
des difficultés vécues par tout le peuple allemand. On comprend la colère et l’humiliation
du peuple allemand au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, mais on s’effare
quand même de voir le peuple juif devenir le levier d’un peuple qui cherche à
retrouver son lustre.
Cinq minutes de plus à
Berlin est évident un récit troublant. Par contre, au final, il est
difficile de ne pas comparer le roman à d’autres œuvres autrement plus
puissantes produites sur ce thème, comme Le
pianiste et d’autres Liste de
Schindler. En utilisant des protagonistes homosexuels, Malone présente un
volet moins connu de cette tragique histoire qui fait à lui seul valoir le
détour. Cependant, cet angle nouveau n’arrive pas à sauver complètement le
roman : il manque à Cinq minutes de
plus à Berlin une force de frappe supplémentaire. Évidemment, les horreurs
vécues au cours de la Deuxième Guerre mondiale ne peuvent que faire vivre de
vives émotions et on est véritablement ému par certains passages : il est
tout simplement impossible de rester impassible en imaginant la réalité vécue
dans les rues de Berlin en lisant les descriptions de Malone. C’est souvent
dans les détails et dans des moments fugaces que les mots de l’auteur auront le
plus d’écho. Sinon, on a l’impression que les émotions vives sont emmenées par
l’Histoire elle-même, celle avec un grand H, qui s’est jouée au-delà des protagonistes
du roman. En effet, lors qu’elle les met en scène ses personnages, l’écriture
de Malone s’avère peut-être un peu trop clinique et descriptive pour un roman
où l’amour et les pulsions jouent un rôle aussi important.
- Bryan St-Louis
Cinq minutes de plus à Berlin, de Stephens Gerard Malone, chez Québec Amérique.
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