Théo a « réussi » : il a un boulot très payant,
un avenir prometteur dans le monde de la publicité, un condo à Montréal et une
blonde superbe. Mais voilà, a-t-il vraiment réussi? Réussi quoi? Théo remet
tout en question et décide, sur un coup de tête, de louer une maison à
Saint-Simon, près de Trois-Pistoles, la région qui avait vu naître son
grand-père. Il quitte la ville et son emploi pour une région où il n’a même
jamais mis les pieds.
Dans ce premier roman, Gabriel Anctil présente la région où
il a lui-même décidé de s’exiler à la fin de ses études. Sur la 132 est un hommage à la région, aux grands espaces, mais
surtout à un autre genre de vie : c’est un roman réflectif et optimiste,
centré sur les vraies valeurs et la redécouverte de soi.
Il faut plonger dans Sur
la 132 avec un enthousiasme bon enfant. Même si on a réellement chercher à
éviter les clichés, Sur la 132 est un
feel good book, teinté par l’illumination.
Théo vit une crise existentielle et effectue son retour à la terre pour
découvrir ce que c’est, la vraie vie. Voilà, au fond, à quoi se résume Sur la 132, et c’est une trame qui a
maintes fois été explorée, tant au cinéma que dans la littérature. Pourtant, l’auteur
a bel et bien tenté d’apporter des nuances, d’éviter la facilité, et de bons passages
étoffés offrent des descriptions très réalistes de Saint-Simon, de Trois-Pistoles
et du mode de vie des villages. Mais inexplicablement, même dépeintes avec ses
travers, ses commérages et sa réalité économique, la région sort trop comme la
grande gagnante d’un combat dichotomique où Montréal, ville de strass, de
cocktails et de sushis, ne semble que vile, froide et superficielle. Théo tisse
des liens véritables et spontanés en région, alors que ses amitiés à Montréal
semblent toutes avoir été établies sur de mauvaises bases. Le Théo de la ville
ne se concentrait que sur son salaire et les plaisirs éphémères : en
région, il découvre enfin en région l’importance de la politique et la richesse
de la littérature québécoise…
Soit on partage l’émerveillement de Théo, qui s’ouvre enfin
les yeux. Soit on se demande ce qui l’empêchait de lire du Gaston Miron à
Montréal.
Au fond, peut-être qu’il est tout simplement impossible de ne
pas froncer les sourcils à quelques endroits dans ce long roman de 500 pages
lorsqu’on est un lecteur qui connaît bien la région et la ville, leurs
avantages et leurs désavantages respectifs.
Sur le plan humain, Sur
la 132 propose quand même un message d’espoir et d’ouverture. Le roman met aussi
en scène un personnage qu’on voit trop peu dans la littérature québécoise
contemporaine : la région. Si on peut aussi critiquer l’originalité du
projet, on ne peut que saluer l’authenticité de la démarche de Gabriel Anctil,
qui nous offre une œuvre très personnelle. L’auteur réussit à nous faire
partager son bien-être et la sincérité de sa démarche. C’était sans doute l’objectif
le plus important à atteindre.
- Bryan St-Louis
Sur la 132, de Gabriel Anctil, chez Héliothrope.
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