lundi 3 mars 2008

Derrière le papier glacé

Le quatrième de couverture de Un monde de papier nous annonce l’histoire d’un homme qui « tombe » dans les pages d’un magazine féminin. On n’avait pas vraiment pris ce « tomber » au pied de la lettre en s’imaginant une histoire à la Rumeurs, où un pauvre garçon allait trimer à la création d’un magazine. « Tomber », ça veut vraiment dire tomber : sans trop qu’on sache comment ni pourquoi, le héros de Un monde de papier devient l’habitant des pages glacées d’un magazine qu’il feuillette. Au détour des pages, il y rencontre un mannequin de Hugo Boss, Uma (Thurman, devine-t-on) et quelques autres des personnages qui peuplent d’ordinaire les magazines féminins. Sa quête se dessine assez rapidement : il doit sortir de la revue, en délivrant par la même occasion, si possible, ses nouveaux amis de leur vie éphémère. Car voilà déjà que plane sur la revue une menace encore plus grande que celle de l’Ogre qui fait régner l’ordre dans les pages du magazine : la revue est jetée aux rebuts et bientôt, elle sera détruite...

Il y a quelques bonnes trouvailles et quelques bonnes idées dans le nouveau roman de François Desailliers. Cependant, il y manque quelque chose, comme si la sauce ne prenait jamais tout à fait. Il n’y a certes pas l’humour auquel on aurait pu s’attendre, ni de critique acerbe du milieu des magazines féminins. Soit. Même sans humour, on aurait aimé quelque chose de plus mordant. Les personnages, alter ego de leurs jumeaux de papier, manquent de généralement de profondeur et de nuances : ils sont toujours tout bons ou tout mauvais. Ni tout à fait une critique, ni tout à fait une parodie, Un monde de papier cherche sa direction. Les extraits de Faust et les quelques anecdotes philosophiques n’arrivent pas à compenser pour le manque de direction du roman et à lui apporter une profondeur. Pas une critique, pas un roman sérieux, roman d’aventures aux grosses ficelles : Un monde de papier s’avère un ouvrage sympathique, mais qu’on oubliera peut-être un peu vite… Comme une revue?

Un monde de papier, de François Désailliers, chez Tryptique, 183 pages.

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